Dublin met la dernière main à un nouveau plan d'austérité qui vise à économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans. Faillite de banques, endettement record de l'Etat et inquiétude des marchés. Tel est le climat général qui règne actuellement en Irlande. Ce pays a été très fortement touché par la crise économique. Certaines de ses grandes banques sont proches de la faillite. L'année dernière, l'Etat s'était formellement engagé à les soutenir pour éviter une crise majeure. Le ministre des Finances, Brian Lenihan, a cherché à rassurer les marchés en optant pour un apport de capital supplémentaire. Près de 50 milliards d'euros pourront être dépensés dans ce plan de sauvetage des banques, au point de creuser le déficit jusqu'à 32% du PIB. Après une journée de discussions techniques, une trentaine d'experts européens et du FMI ont entamé, hier à Dublin, les négociations formelles sur un vaste plan de secours destiné à assainir les banques irlandaises, au cœur d'une tempête financière qui menace toute l'Europe. Les spécialistes du FMI, de l'UE et de la Banque centrale européenne (BCE), arrivés jeudi matin dans la capitale irlandaise, auront pour objectif «d'étudier des mesures qui pourraient assurer la stabilité financière», a indiqué, à Washington, la directrice des relations extérieures du FMI, Caroline Atkinson. Les discussions portent également «sur les programmes budgétaires du gouvernement» au moment où Dublin met la dernière main à un nouveau plan d'austérité qui vise à économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans. Soucieux d'éviter une contagion à la zone euro, tout comme les atermoiements qui avaient aggravé la crise grecque, l'UE et le FMI, estiment des analystes, veulent cette fois-ci prendre les devants sur le problème irlandais au plus vite. Ainsi, certains analystes craignent un scénario à la grecque, d'autres soulignent que la situation est différente car il n'y a pas de crise de liquidités imminente. D'ailleurs, l'euro n'a pas la même réaction (il avait fortement chuté lors de la crise grecque, or la devise européenne a plutôt tendance à s'apprécier actuellement). La différence avec l'Irlande est que les besoins de financement du gouvernement sont assurés jusqu'au deuxième semestre 2011 ; il n'a donc pas besoin d'emprunter d'argent sur les marchés jusque-là. Cela lui laisse le temps de faire ses preuves et de retourner sur le marché avec des taux plus favorables. Tenant à se distancer de la situation de quasi-faillite dans laquelle se trouvait alors la Grèce, l'Irlande souligne qu'elle n'a pas besoin d'un plan d'urgence, mais seulement d'un «fonds de prévoyance significatif» dans lequel Dublin pourrait puiser pour soutenir ses banques, a expliqué Brian Lenihan. Le gouvernement irlandais rechigne, cependant, à accepter l'aide de l'extérieur, mal perçue par une opinion publique qui défend bec et ongles une indépendance chèrement acquise. L'Irlande a raison de souligner les différences de situations. Avant la crise, la Grèce était déjà fortement endettée, alors que l'Irlande était considérée comme le bon élève de la zone euro avec un fort excédent. Il y a bel et bien une spécificité irlandaise : son économie a connu un effondrement du marché immobilier couplé à un fort surendettement des ménages pendant la crise. Les banques se sont alors trouvées fort dépourvues lorsque les particuliers et les entreprises n'ont plus pu rembourser leurs crédits. L'Irlande devrait, en cas d'aide européenne, se voir imposer des mesures pour réduire les dépenses publiques. Une mauvaise nouvelle pour sa croissance à court terme. Un assainissement budgétaire énergique, qui a du reste déjà commencé, s'impose pour réaligner les recettes et les dépenses publiques.