La Force en attente de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sera déployée "prochainement" au Mali pour soutenir l'armée malienne et les troupes françaises engagées dans des opérations contre les groupes terroristes occupant le nord du pays. "La Force ouest-africaine va se déployer et être envoyée au front, au sol, pour soutenir les bombardements aériens", a déclaré lundi le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Ally Coulibaly à la télévision publique de Côte d'Ivoire. Pour ce ministre, "il ne s'agit pas seulement de contrer l'avancée des agresseurs, c'est la reconquête du nord du Mali qui a commencé". M. Coulibaly a, en outre, souligné la nécessité d'"éradiquer le terrorisme et éviter que le Mali se transforme en sanctuaire qui menace la paix dans la sous-région et dans le monde". Les chefs d'état-major de l'Afrique de l'Ouest tenaient mardi à Bamako une réunion extraordinaire pour discuter de l'engagement des troupes de l'organisation aux côtés de l'armée malienne. "Nous nous retrouvons aujourd'hui pour parler essentiellement de l'engagement (...) auprès de nos frères d'armes du Mali, pour, bien entendu, libérer le nord du Mali", a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major de l'armée ivoirienne, à l'ouverture de la rencontre. Plusieurs pays de la Cédéao dont le Nigeria, le Bénin, le Sénégal et le Niger ont annoncé leur participation, entre 300 et 600 éléments par pays, à la force ouest-africaine qui doit réunir un peu plus de 3.000 hommes. La crise au Mali dont le nord est tombé aux mains de groupes terroristes, à la faveur d'un putsch militaire en mars 2012, sera au centre d'un sommet de la Cédéao, samedi à Abuja. L'envoi d'une force internationale essentiellement africaine pour reconquérir le nord du Mali, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), a été approuvé le 20 décembre à l'ONU dans sa résolution 2085 qui prévoit aussi un processus de réconciliation politique à Bamako et des négociations avec les groupes rebelles du Nord qui se dissocieraient du terrorisme. Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a souligné lundi "l'urgence d'appliquer tous les aspects" de la résolution 2085 qui vise à restaurer pleinement l'ordre constitutionnel et l'intégrité territoriale du Mali. Pour M. Ban, "les derniers événements soulignent l'urgence d'appliquer tous les aspects de la résolution, y compris le soutien aux efforts de médiation de la Cédéao", la mise en place d'une transition politique et l'appui à la MISMA. Dans le cadre des efforts déployés en vue d'accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Said Djinnit, a, de son côté, rencontré le ministre des Affaires étrangères du Burkina, Djibrill Bassolé, et doit se rendre à Bamako "dans les prochains jours" afin de discuter avec les dirigeants maliens, d'après un porte-parole de l'ONU. Sur le terrain, l'intervention française se poursuit pour le cinquième jour consécutif. Les forces françaises ont bombardé mardi la localité de Diabali, dans l'ouest du Mali, prise la veille par les groupes terroristes. "Des avions (français) ont mené cette nuit des frappes sur la zone de Diabali: au mons cinq islamistes ont été tués et plusieurs blessés", a indiqué une source militaire malienne. La France a annoncé le déploiement à terme de 2.500 soldats dans le cadre de son offensive pour chasser les terroristes du pays. Le président François Hollande, en visite à Abou Dhabi, a déclaré mardi que le nombre de militaires français engagés dans l'opération au Mali était désormais de 750 et que leur nombre allait continuer à augmenter. Sur le plan humanitaire, le conflit malien a contraint près de 150.000 personnes à se réfugier dans les pays voisins, a indiqué mardi le HCR alors que le nombre de Maliens déplacés dans le pays est proche de 230.000, selon les estimations du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui distribue de la nourriture au Mali via plusieurs ONG, a souligné qu'il lui manquait un financement de 129 millions de dollars pour répondre aux besoins. Le PAM estime que 500.000 personnes, au total, ont été déplacées au Mali depuis que les groupes terroristes ont pris le contrôle du nord du pays. Se disant "profondément préoccupé" par la situation au Mali, le secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé mardi à un "cessez-le-feu immédiat" au Mali, membre de l'organisation, et à un retour aux négociations entre Bamako et les groupes armés rejetant le terrorisme menées sous le parrainage du Burkina Faso. Le secrétaire américain à la Défense, M. Leon Panetta, a déclaré lundi qu'il était nécessaire de veiller à ce que le réseau terroriste d'Al-Qaïda ne puisse pas établir une base d'opérations en Afrique du Nord et au Mali. Interrogé sur la durée que prendra l'intervention militaire au Mali, qui avait été engagée vendredi dernier, M. Panetta a considéré que cela était ''difficile à estimer''. ''L'effort est d'essayer de faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à l'avancée (des groupes terroristes) et d'essayer de sécuriser quelques principales villes du Mali'', a-t-il ajouté lors d'un point de presse à bord de l'avion qui était en route vers Lisbonne (Portugal).