L'Egypte a célébré, hier, le deuxième anniversaire du soulèvement populaire du 25 janvier 2011 ayant conduit à la chute du régime de Hosni Moubarek avec des manifestations sur la place Tahrir dans le centre du Caire, au moment où le pays traverse une crise politique. Tôt hier, des heurts ont éclaté non loin de la place Tahrir dans le centre du Caire, entre manifestants et forces de l'ordre faisant quatre blessés. Le ministère égyptien de l'Intérieur, indiquant que cinq policiers ont été blessés, a appelé les manifestants à éviter les confrontations avec les forces de l'ordre. A Alexandrie et Suez , la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants, selon des témoins, alors que des heurts ont éclaté dans la deuxième ville d'Egypte entre la police et des manifestants qui ont fait brûler des pneus. Le président égyptien Mohamed Morsi a appelé la veille les Egyptiens à célébrer "de manière pacifique et civilisée" cet anniversaire, alors que certains manifestants ont passé la nuit sur la place Tahrir au Caire, qui fut l'épicentre de la révolution de janvier-février 2011. Les Frères musulmans n'ont pas officiellement appelé à manifester vendredi, mais ils ont lancé une initiative intitulée "Ensemble nous construisons l'Egypte", rassemblant une série d'actions sociales et caritatives. L'opposition a appelé de son coté à défiler "contre" le président Morsi et le mouvement des Frères musulmans dont il est issu, en reprenant les mêmes mots d'ordre qu'il y a deux ans : "Pain, liberté, justice sociale". "Sortons vers les places pour finaliser les objectifs de la révolution", a appelé "sur Twitter" Mohamed El-Baradei, l'une des figures de proue de l'opposition. Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition laïque, libérale et de gauche, avait appelé dans une déclaration "à des rassemblements sur toutes les places Tahrir du pays", en référence à la place Tahrir. Le FSN dénonce "l'accumulation des erreurs par le régime des Frères musulmans et son incompétence qui engendrent la dégradation de l'économie et des souffrances accrues pour des millions de gens". L'opposition estime aussi que la sécurité comme les libertés ont été affaiblies depuis l'élection en juin dernier du président Morsi, issu des Frères musulmans. Le FSN regroupe notamment le prix Nobel de la Paix Mohammed ElBaradei, l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa et le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, qui avaient mené fin 2012 la fronde contre un projet de Constitution soutenu par les islamistes, finalement adopté par référendum. La coalition demande "une Constitution pour tous les Egyptiens, la justice pour les martyrs de la révolution, l'arrêt de la mainmise des Frères musulmans sur l'Etat". Le 25 janvier 2011 a vu le début d'une révolte de 18 jours qui a abouti à la démission de M. Moubarak, aujourd'hui en prison pour la mort de centaines de manifestants, et la prise du pouvoir par un haut Conseil militaire jusqu'à l'élection de M. Morsi. Deux ans après le "séisme politique" de la révolte, le pays peine toujours à trouver son équilibre entre un pouvoir qui se prévaut de la légitimité des urnes et ses adversaires qui dénoncent l'émergence d'un système autoritaire dominé par les Frères musulmans. Il doit également affronter une grave crise économique, avec l'effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment. Le Premier ministre égyptien Hisham Qandil s'est dit jeudi à Davos confiant sur la possibilité de conclure un accord avec le Fonds monétaire international pour un prêt de 4,8 milliards de dollars.