Tensions - Le Président Mohamed Morsi a appelé, hier soir, les Egyptiens à se prononcer par référendum le 15 décembre sur un projet de Constitution qui divise le pays. «Le projet de Constitution exprime les objectifs de la révolution» qui a renversé Hosni Moubarak en février 2011, a déclaré M. Morsi en appelant tous les Egyptiens, qu'ils soient pour ou contre le projet, à se prononcer. «Avec nous tous se construit la nation. La démocratie, c'est la participation». «Je renouvelle l'invitation à l'ouverture d'un débat national sérieux autour des maux de la nation (...) pour mettre fin à la période de transition le plus vite possible et protéger notre démocratie naissante», a-t-il poursuivi. Après des mois de blocage, le projet de Constitution a été adopté en quelques heures entre jeudi et vendredi par la commission. Dans la journée et devant l'université du Caire, les partisans du président, dont des membres des Frères musulmans et des groupes salafistes, étaient des centaines de milliers. «Le peuple veut l'application de la loi de Dieu», ont scandé des manifestants, parmi lesquels des femmes voilées poussant des youyous, tandis que la police anti-émeutes était déployée. En marge du rassemblement, un arbre est tombé sur la foule près du podium principal, faisant 1 mort et 24 blessés parmi les manifestants. Des manifestations pro-Morsi ont également eu lieu à Alexandrie et dans la province d'Assiout (centre). Sur l'autre rive du Nil, des centaines de manifestants campaient toujours sur la place Tahrir, épicentre de la révolte de 2011, où ils ont commencé un sit-in le 23 novembre au lendemain du décret de M. Morsi renforçant considérablement ses pouvoirs. Le Front de sauvegarde nationale (FSN), une coalition de partis d'opposition dirigée par M. El-Baradei et Hamdeen Sabbahi, un ancien candidat à la présidentielle, a appelé les Egyptiens à rejeter le décret et à réclamer l'annulation du projet de Constitution. La coalition a souligné dans un communiqué le droit du peuple à «utiliser tout moyen pacifique pour protester, dont la grève générale et la désobéissance civile». «Morsi soumet à référendum un projet de Constitution qui sape les libertés fondamentales et viole les valeurs universelles. La lutte continue», a lancé, hier soir, l'opposant Mohamed El-Baradei sur son compte Twitter. Il s'agit de la crise politique la plus grave en Egypte depuis l'élection en juin de M. Morsi.