Le Portugal a lancé son premier emprunt à moyen terme depuis sa demande d'aide internationale, en mai 2011, et s'apprêtait ainsi à franchir une étape majeure en vue d'un retour aux marchés financiers plus rapide que prévu. Selon plusieurs médias économiques, cette émission d'obligations à cinq ans, la première depuis février 2011, a été lancée, mercredi dernier, aux premières heures et vise un montant indicatif de 2 milliards d'euros. L'agence portugaise de la dette (IGCP) avait annoncé mardi avoir demandé à quatre banques de conduire "prochainement" un emprunt syndiqué à échéance 2017. Ce type d'opération, qui consiste à se financer directement auprès de quelques banques sélectionnées d'avance qui peuvent ensuite conserver ou revendre ces titres de dette, permet au Portugal de tester l'appétit des investisseurs sans courir de trop grands risques. Mercredi en milieu de matinée, l'agence Dow Jones Newswires assurait que la demande avait atteint les 8 milliards d'euros. "Le Portugal a surpris", constatait la Commerzbank dans une note d'analyse en rappelant que "le retour du pays aux marchés primaires était originalement prévu pour le dernier trimestre de cette année". Frappé de plein fouet par la crise de la dette en zone euro, Lisbonne a perdu la confiance des investisseurs il y a près de deux ans et a dû négocier avec l'Union européenne et le Fond monétaire international un prêt de 78 milliards d'euros.En échange, le Portugal s'est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans, aux prix d'une forte récession économique et d'une hausse record du taux chômage. Ce plan d'aide prévoyait que le Portugal parvienne à se financer normalement sur les marchés de la dette à moyen et long terme avant septembre, date de la première échéance de remboursement non couverte par l'enveloppe de l'UE et du FMI. Soutien de la BCE Mais alors que nombre d'analystes doutaient, il y a encore quelques mois, que le Portugal puisse éviter un deuxième plan d'aide, l'opération de mercredi représentait "un grand pas dans la bonne direction", a jugé David Schnautz, analyste à la Commerzbank. "Le " retour aux marchés " est un chemin qui se fait progressivement, mais cette opération a évidemment une grande valeur symbolique", a confirmé Rui Paulo Santos, économiste à la banque BPI. Parmi les facteurs qui ont permis cette accélération du calendrier, pour cet analyste "il faut souligner la promesse d'un soutien illimité de la part de la Banque centrale européenne", qui a mis en place un programme de rachat de dette auquel le Portugal espère pouvoir recourir à l'avenir. A l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro et de l'Union européenne, cette semaine à Bruxelles, le Commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, n'a pas exclu une solution de ce type pour aider l'Irlande et le Portugal à regagner la confiance des marchés. En ce sens, le ministre portugais, Vitor Gaspar, et son homologue irlandais, Michael Noonan, ont défendu un allongement des prêts qui leur ont été accordés afin de diluer leurs échéances de remboursement. L'idée aurait également été bien accueillie au sein de la zone euro, tandis que les 27 pourraient aborder la question en mars. Pour donner aux investisseurs une raison supplémentaire de reprendre confiance dans le Portugal, M. Gaspar a annoncé mardi que son pays était parvenu à ramener son déficit public à 5% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, comme il s'y était engagé auprès de ses créanciers. Sur le marché secondaire, où s'échangent les titres de dette déjà émis, le taux d'emprunt à 10 ans du Portugal est passé sous le seuil des 6% pour la première fois depuis décembre 2010, après avoir atteint un pic à plus de 17% en janvier 2012.