Les producteurs de lait cru des wilayas de l'est du pays ont décidé de créer une coordination régionale de la filière lait, à l'issue d'une rencontre tenue dimanche à Constantine. Le président de l'association des producteurs de lait de la wilaya de Constantine, M. Bachir Achi, a été désigné à la tête de cette coordination, après un consensus intervenu à l'issue d'un débat houleux. Ainsi, cette nouvelle structure constituera un cadre provisoire pour la préparation d'une réunion nationale souhaitée, précise t-on, par l'ensemble des associations des producteurs de lait cru en vue de sortir avec ''une organisation nationale puissante, capable de défendre les intérêts de la filière'', a-t- on souligné au cours de cette réunion. Les représentants des 15 wilayas de l'est algérien qui ont participé à cette rencontre ont été unanimes à souligner que la filière lait, considérée comme la branche la plus délicate et la plus difficile du secteur agricole, " est aujourd'hui en danger ". " L'Etat, en subventionnant les transformateurs au lieu des producteurs de lait est perdant et ne fait qu'enrichir l'industrie étrangère de poudre de lait utilisée comme matière première par les transformateurs " ont-ils souligné, relevant, par ailleurs, que les prix fixés pour le litre de lait de vache est loin de couvrir le prix de revient. Un intervenant de la wilaya de Mila a estimé, quant à lui, que toute l'organisation du secteur de l'agriculture doit être revue et adaptée aux nouvelles réalités de l'économie de marché, soulignant par là même que la suppression des différentes coopératives agricoles a porté un coup dur au secteur. Il faut dire que la crise qui secoue la filière lait risque de perdurer et les solutions à long terme ne peuvent venir que de l'organisation de la branche de production de lait cru pour échapper définitivement aux fluctuations des prix de la poudre de lait sur le marché mondial. Or, pour le moment, la solution prônée par le gouvernement qui consiste en la subvention de l'importation de la matière première ne peut avoir d'effets qu'à court terme. Autrement dit, cela ne changera rien à la réalité de la filière caractérisée par des dysfonctionnements en amont et en aval. A noter, par ailleurs, que l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb avec 3,7 milliards de litres par an. La production nationale annuelle est actuellement de l'ordre de 2,6 milliards de litres. Le déficit est clair. Le taux de couverture par la production locale est de 40 %. Le reste est importé sous forme de poudre de lait. L'Algérie se place ainsi au troisième rang mondial en matière d'importation de lait et de produits laitiers, après l'Italie et le Mexique. Le recours à l'importation est d'autant plus nécessaire, lorsque l'on sait que le taux de la collecte du lait dans le pays demeure faible, voire insignifiant, ne dépassant pas 10 à 15% de la traite. L'intervention de l'Etat, au niveau de la filière lait en Algérie, a porté essentiellement sur un élargissement du marché par des mesures de soutien des prix à la consommation, négligeant ainsi l'intensification de la production laitière en amont. Outre l'incapacité des éleveurs à réduire les coûts de la production, la flambée des prix de la poudre de lait sur le marché mondial est venue se greffer aux autres problèmes en créant une véritable situation de crise pour la filière laitière en Algérie. Autant dire a priori que la création de cette coordination des producteurs de lait de l'Est est en soi une bonne chose. Les producteurs des autres régions devraient faire de même. Cela permettra au moins au départ de cerner les véritables problèmes que rencontre la filière et prôner des solutions durables.