Chercheurs, informaticiens, médecins, personnels hautement qualifiés, l'Algérie se vide de sa matière grise et de ses compétences. La fuite des cerveaux, autrefois anecdotique, est un des maux endémiques du pays. Un préjudice subi au profit de l'Occident qui récupère les bénéfices de longues années de formation. Des dizaines de milliers de diplômés auraient quitté l'Algérie, ces quatre dernières années, pour des horizons plus prometteurs. 40 milliards de dollars est la somme qu'a perdu, le pays pendant la même période. C'est ce qui ressort de la conférence de presse organisée, hier, par la Forem, la Fondation pour la recherche médicale, à l'occasion de la création officielle de l'Association des compétences algérienne. Une association, dont le rôle, selon Mostefa Khiati, président de la Forem, serait de solliciter la collaboration des compétences algériennes à l'intérieur et à l'extérieur du pays afin de participer au développement de la science, de la technologie et du savoir-faire algérien dans tous les domaines. C'est ainsi qu'un millier de chercheurs algériens expatriés, regroupés de cette association, ont convenu d'un programme ambitieux pour aider la communauté scientifique et les entreprises nationales dans les technologies de pointe. Dans ce contexte, le président de l'Association des compétences algériennes (ACA), Mohamed Boudjelal, a déclaré que "l'Algérie a besoin de ses chercheurs qui sont partis à l'étranger et nous, nous voulons faire connaître notre disponibilité. L'ACA, née en avril dernier à Alger, s'était donnée comme premier objectif de se structurer pour constituer une "interface" à la fois entre les chercheurs algériens établis à l'étranger et ceux restés en Algérie, et entre les expatriés et les "autorités concernées", a-t-il expliqué. Il a affirmé que tous les membres de l'ACA étaient désintéressés et n'étaient motivés que par l'envie d'"aider le pays". "Nous ne voulons ni salaire, ni emploi, ni maison, ni aucun autre privilège. Nous demandons seulement qu'on nous ouvre les portes", a-t-il déclaré. C'est ainsi que toutes les démarches seront faites par le contact direct avec le gouvernement algérien, les institutions publics nationales, les organisateurs scientifiques internationales et le monde des affaires en Algérie et à l'étranger. L'ACA, s'associera aux universités de l'Algérie et celles de l'étranger pour préparer des cours intensifs en matière de formation professionnelle scientifique, technologique et commerciale. Il s'agit de cours "de haut niveaux, homologués par des universités européennes et américaines", a précisé M. Boudjelal. "Si les choses marchent, nous espérons même lancer des universités d'été et d'automne", a-t-il dit. Ces cours seront effectués par des compétences confirmées et seront destinés aux étudiants algériens et aux communautés étrangères. "Nous voulons également co-encadrer les étudiants algériens qui bénéficient d'une bourse à l'étranger, dont certains ont parfois du mal à s'en sortir", a ajouté M. Boudjelal. L'ACA ambitionne aussi d'"aider à la publication, dans les revues internationales, des articles scientifiques produits au sein des universités algériennes, pour les faire connaître au niveau mondial", a-t-il indiqué. Pour sa part le Dr Khiat a indiqué que les "compétences" expatriées algériennes, "qui sont entre 30 000 et 100 000, peuvent apporter une aide précieuse au pays". Jusqu'à récemment, les pouvoirs publics ne semblaient pas s'inquiéter outre mesure du déficit de main-d'œuvre qualifiée, tandis que les organismes de financement du développement aggravaient souvent le problème en obligeant les pays bénéficiaires à engager des expatriés étrangers comme condition à l'octroi de prêts. De plus, les hommes politiques disaient de leurs compatriotes ayant choisi de travailler et de vivre à l'étranger qu'ils n'étaient pas de bons patriotes. Mais la montée en flèche de l'émigration de personnes qualifiées et les graves carences du pays sur le plan des ressources humaines en ont conduit plus d'un à changer d'avis. Mais ces déclarations d'intention doivent se traduire par des actes, et des problèmes plus profonds devront être résolus pour que la fuite des cerveaux puisse être jugulée. Nombre d'Algériens sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au développement du pays, mais leurs aspirations sont "sérieusement compromises par des pouvoirs publics négligents dont les priorités ignorent le bien-être social" déclare le Dr Khiati, qui ajoute que tant que les facteurs conduisant à l'émigration persisteront, il "serait catastrophique" de penser résoudre le manque d'effectif dans le pays par un retour immédiat des Algériens qualifiés.