LLes flux migratoires des cadres algériens était, hier, le thème d'un colloque à Koléa, regroupant plusieurs experts et cadres afin de débattre la question. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, en inaugurant la rencontre, a donné le coup d'envoi à divers ateliers avec des feuilles de route afin de débattre et identifier les causes et les enjeux. "La meilleure façon de faire face à ce fléau se situe dans le développement de nouvelles technologies de l'information", dira le ministre. De son côté, le professeur Ali Boukrami a évoqué la problématique, en déclarant que l'avènement du numérique, la consécration de l'économie fondée sur la connaissance et l'apparition d'une concertation informelle au plus haut niveau pour suppléer la défaillance des structures et institutions disponibles au niveau mondial constituent des paramètres déterminants pour l'étude des flux migratoires sélectifs, qui restent, cependant, marqués par une connaissance insuffisante de ce phénomène ou mouvement historique.Il conclut que le gouvernement doit plus de considération pour ses cadres. Il ajoutera que la concurrence qui se situe bien au niveau des systèmes de formation par le respect des normes et les actions menées pour leur amélioration par l'utilisation des talents, ne peut que donner des résultats positifs. Autrefois anecdotique, l'exode des compétences constitue aujourd'hui un véritable fléau. En quatre ans, des dizaines de milliers de diplômés auraient quitté l'Algérie pour des horizons plus prometteurs. Quelle stratégie l'Algérie compte-t-elle adopter pour attirer ses élites exilées ? Comment l'Algérie comblera-t-elle son déficit en matière d'encadrement ? Il est illusoire d'imaginer que les réformes ambitieuses de ces dernières années aboutiront sans un encadrement de haut vol. Il y a, bien sûr, ceux qui, sur place, ont démontré qu'ils pouvaient être aussi performants que leurs condisciples expatriés, malgré les maigres moyens dont ils disposent. Néanmoins, leur nombre est très limité vu l'importance des chantiers en cours et à venir. Sans compter les retards accusés en matière de technologie et de recherche qui ne peuvent être rattrapés que par l'apport de scientifiques dont les connaissances sont à jour. Ainsi, deux possibilités s'offrent à l'Algérie : recruter des experts étrangers ou bien solliciter la contribution de ses propres élites éparpillées aux quatre coins du monde. La première éventualité n'est à préconiser que dans des secteurs très pointus et à petites doses. Généralisée, elle devient un mal pour le pays qui l'adopte : elle est très onéreuse, accentue la dépendance et ne permet le transfert de technologie et de savoir que dans des cas très rares. La deuxième alternative est beaucoup plus adaptée dans le cas de l'Algérie, mais nécessite la mise en place d'une stratégie et d'un suivi permanent. Il appartient aux pays qui en souffrent de créer les conditions favorables pour la recherche, l'innovation et la création d'entreprises sur leur territoire pour attirer les investisseurs. Cette démarche stimulerait les flux rentrants de migrants et de capitaux et l'accès aux réseaux internationaux d'innovation. En dosant intelligemment sa politique en la matière et avec une coopération internationale soutenue, l'Algérie pourrait transformer la fuite des cerveaux en réservoir de... cerveaux. A noter que le gouvernement annonce une nouvelle initiative pour encourager le retour des cadres émigrés Le gouvernement veut encourager les compétences algériennes établies à l'étranger à rentrer en Algérie. Dernière annonce en date : selon une nouvelle disposition adoptée mardi par l'exécutif, les cadres émigrés qui décident de retourner en Algérie garderont l'ensemble de leurs acquis professionnels. Explication : les cadres émigrés de retour en Algérie garderont leurs statuts, titres, fonctions et le bénéfice de l'expérience professionnelle acquise à l'étranger.?Selon des statistiques officieuses, plusieurs milliers de cadres algériens ont été contraints à quitter leur pays durant les dix dernières années, dont un grand nombre sont employés en Europe. Parmi eux de nombreux médecin, enseignants, informaticiens…Pour la seule année 2007, plus de 500 médecins ont quitté l'Algérie pour l'Europe et le Canada. Aujourd'hui, ces compétences craignent qu'à leur retour ils ne soient réintégrés dans leurs fonctions au niveau qu'ils avaient atteint avant leur départ.