Plusieurs artistes et hommes de culture ont rendu hommage au cinéaste, Abderrahmane Bouguermouh, décédé, dimanche dernier, à Alger, pour son engagement en faveur de la promotion du cinéma algérien et son rôle de "pionnier du film amazigh". Le cinéaste Abderrahmane Bouguermouh, qui souffrait d'une maladie chronique, est décédé à l'âge de 77 ans à l'hôpital Birtraria d'Alger où il avait été admis deux semaines plus tôt. L'ancien directeur de la cinémathèque d'Alger, M. Boudjemaâ Kareche, a salué les grandes qualités humaines de Bouguermouh et le poète qui s'est révélé depuis son premier court métrage "La grive", réalisé en 1967. Pour lui, la sensibilité poétique de Bouguermouh a été confirmée par l'adaptation de "La colline oubliée", roman de Mouloud Mammeri. Avec ce long métrage, réalisé en 1996, le cinéaste disparu a signé une œuvre "d'une grande qualité esthétique", rendue en outre avec "précision et fidélité" au romancier, affirme ce spécialiste du 7ème art. Bouguermouh a été consacré au 12ème festival du film amazigh de 2012 où il a reçu pour ce long métrage "L'Olivier d'or", la plus haute distinction du festival que le défunt a toujours accompagné depuis son institution en 1999, comme en témoigne son commissaire Si L'Hachemi Assad. "Abderrahmane Bouguermouh a beaucoup donné pour le cinéma en Tamazight en apportant son soutien au festival, dont il a présidé la 7ème édition, en particulier par l'encouragement constant apporté aux jeunes talents" dans le cinéma, estime Si L'Hachmi Assad. De son côté, le comédien Abdelhamid Rabia rappelle que Bouguermouh a fait partie du premier noyau de réalisateurs et d'hommes de culture qui avaient lancé les premières structures cinématographique de l'Algérie indépendante, à commencer par le Centre national cinématographique algérien, créé en 1963 avant d'être dissous quatre ans plus tard. Le comédien Ahmed Benaissa évoque, pour sa part, les grandes qualités humaines et professionnelles de Bouguermouh : "C'était un réalisateur d'une grande sagesse, un intellectuel convaincu, un homme à principes jaloux de son identité, doublé d'un poète à l'humanisme extraordinaire", a-t-il témoigné. Hacene-Lhadj Abderrahmane, proche parent du défunt, qui a dirigé plusieurs structures culturelles insiste, lui aussi, sur les qualités humaines de Bouguermouh que l'on retrouve, dit-il, dans ses œuvres cinématographiques. "Abderrahmane Bouguermouh était un poète du cinéma, un homme généreux et très sensible, autant de qualités qui ont marqué ses films", insiste Hacen-Lhadj Abderrahmane. L'acteur Saïd Hilmi, son ami de longue date, se rappelle, pour sa part, de ses débuts à la radio où il animait une des toutes premières émissions radiophoniques pour enfants, produite par Bouguermouh. Né en 1936, Abderrahmane Bouguermouh a travaillé comme assistant réalisateur, après des études à l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris en France. Il avait réalisé vers la fin des années 1960 des courts métrages avant d'assister Mohamed Lakhdar Hamina dans le film "Chronique des années de braise", primé de la Palme d'or du festival de Cannes en 1975. Outre "La colline oubliée", Bouguermouh a réalisé trois autres longs métrages "Les oiseaux de l'été" (1978), "Kahla oua beida" en 1980, dédié aux supporters de l'équipe de football de Sétif et "Cri de pierre" (1986). Le défunt sera enterré aujourd'hui dans son village natal à Ighzer Amokrane, commune de Ouzellaguen (Béjaïa). Amel D.