A l'occasion d'un atelier sur les ports en Algérie, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), M. Réda Hamiani, a déclaré qu' "Au FCE, nous en appelons à une relance résolue et urgente des réformes touchant à ce secteur vital qui impacte directement le fonctionnement et les performances de nos entreprises et de notre économie". "Du fait de ses liens avec l'économie mondiale, ce secteur doit être naturellement ouvert à l'investissement international, à travers des formules qui préservent les intérêts de nos partenaires, de l'économie et des producteurs nationaux", a préconisé M. Hamiani. Et pour une bonne gouvernance de ce secteur, le FCE recommande "l'implication puissante" de tous les intervenants : pouvoirs publics, entreprises publiques ou privées, mais également les entreprises étrangères. Il a insisté, à ce titre, sur la mission que l'Etat doit assumer afin de mieux protéger les intérêts de l'économie nationale à travers notamment le renforcement de son rôle de régulateur. D'autre part, le premier responsable du FCE s'est dit en ce sens "convaincu" que le développement du secteur portuaire national est, aujourd'hui, "une nécessité" et "une urgence". "Les retards peuvent être rapidement rattrapés, pour peu que la volonté politique soit au rendez-vous", a-t-il estimé. De son côté M. Abdelkader Boumessilla, consultant et ex-P-DG de l'entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) estime que les réformes du secteur peuvent porter, soit sur "la création de nouveaux ports à travers la conclusion de partenariats public-privé" ou sur " la concrétisation de l'option de démonopolisation de la gestion portuaire". Pour cet expert, l'Algérie accuse "un retard immense" dans le secteur portuaire, qui "est négligé" en dépit des gros efforts entrepris par l'Etat ces dix dernières années. Il a, ainsi, rappelé que les ports nationaux de commerce ont été, pour l'essentiel, construits au cours de la période coloniale pour répondre aux besoins de développement d'un commerce orienté presque exclusivement, en direction de l'ancienne métropole. Quant à M. Hamiani, il insiste pour que l'Etat se concentre sur sa mission régalienne tout en autorisant une plus grande implication de partenaires économiques et des investisseurs privés dans la gestion des activités multiples au sein des enceintes portuaires. "Pour des raisons d'efficacité, de réduction des coûts et de gestion optimale des ressources, de nombreux pays ont connu une transformation profonde de leur rôle dans la gestion des activités portuaires", a-t-il indiqué. L'Algérie n'a pas échappé complètement à ces transformations que connaît le secteur portuaire mondial depuis une vingtaine d'années puisque un premier mouvement de démonopolisation de la gestion portuaire a été engagé au cours des années 1990, consacré par la refonte du code maritime national en 1998, a-t-il relevé. "Entre 1990 et 2010, le volume des échanges mondiaux a plus que doublé, passant de 4 à 8,7 milliards de tonnes de marchandises transportées par voie maritime, ce qui a imposé un développement profond en terme d'infrastructures d'accueil, de capacité de traitement de navires au tonnage de plus en plus gros", a fait remarquer M. Boumessila. Cette modernisation des infrastructures s'est accompagnée d'une véritable révolution en termes de facilitation de la gestion des flux d'échanges avec l'introduction du système dit échanges de données informatisées (EDI) qui a révolutionné l'opération de dédouanement des cargaisons. Cette évolution rapide dans la gestion des espaces portuaires mondiaux a" mis à nu la faiblesse et les retards des infrastructures portuaires algériennes que ce soit en termes de célérité dans le traitement des navires, de la capacité d'accueil des navires de gros tonnage ou même de la qualité de management requise pour la gestion des opérations portuaires", a estimé, pour sa part, M. Abdelhamid Bouarroudj, consultant en transport maritime. Plus de 65% du commerce extérieur de l'Algérie dépend des places portuaires étrangères, a encore fait savoir cet expert qui a déploré l'inexistence en Algérie de plates-formes logistiques. Les surcoûts directs des dysfonctionnements que les ports nationaux occasionnent sont, selon ces experts, "extrêmement lourds" et avoisinent les 3 milliards de dollars annuellement, soit le coût de réalisation d'un port de taille mondiale.