Le géant de l'alimentaire Nestlé a enregistré en 2012 un bénéfice net de 10,6 milliards de francs suisse, en hausse de 11,6% sur un an, et conforme aux attentes. Le chiffre d'affaires a progressé de 10,2% à 92,2 milliards de francs sur la période, a précisé le groupe avant-hier. Il a confirmé ses prévisions d'une croissance organique de 5% à 6% et une amélioration de la marge et du bénéfice récurrent par action à taux de change constants. La croissance organique a progressé de 5,9% (soit très légèrement en dessous du consensus des analystes, établi à 6,0%) et la croissance interne réelle (RIG) a crû de 3,1% entre janvier et décembre 2012, a précisé le numéro un mondial du secteur dans un communiqué. Le résultat d'exploitation courant est ressorti en hausse de 11,8% à 14 milliards de francs et la marge s'est améliorée de 20 points de base à 15,2%. Le bénéfice par action a augmenté de 12,2% à 3,33 francs, tandis que le flux de trésorerie d'exploitation a crû de 5,6 milliards à 15,8 milliards de francs. Les ventes et le résultat net de Nestlé sont conformes aux attentes des analystes interrogés par AWP. Le RIG est également en ligne avec le consensus. Le groupe va proposer à ses actionnaires un dividende en hausse de 0,10 CHF à 2,05 CHF par action. "Nous avons respecté notre engagement en 2012, soit une bonne performance générale, bâtie sur la croissance profitable réalisée de manière constante au cours des années précédentes. Toutes nos activités, à la fois dans les marchés développés et émergents, y ont contribué", a indiqué le CEO, Paul Bulcke, cité dans le communiqué. Lors d'une conférence de presse tenue à Vevey, il s'est déclaré convaincu des perspectives de croissance sur les marchés émergents. Il a estimé qu'"en dépit des nombreux défis" en 2013, Nestlé prévoit de réaliser "une croissance organique entre 5% et 6% ainsi qu'améliorer la marge et le bénéfice récurrent par action à taux de change constants". Croissance à deux chiffres pour Nespresso Par régions, la zone Amériques a enregistré une croissance organique des ventes de 5,2% à 28,9 milliards de francs. En Europe, le chiffre d'affaires a crû de 1,8% (organique) à 15,4 milliards de francs, autant en Europe de l'ouest que de l'est, "ce qui démontre que, même dans un environnement commercial difficile, il existe des opportunités de réaliser une croissance supérieure au marché et de gagner des parts de marché", selon Nestlé. La situation a cependant été "extrêmement difficile" en Grèce et en Espagne. Malgré tout, le groupe compte "maintenir (sa) dynamique de croissance en 2013". Dans la zone regroupant l'Asie, l'Océanie et l'Afrique (AOA), les recettes ont augmenté de 8,4% à 18,9 milliards de francs, avec une croissance à deux chiffres sur les marchés émergents. La croissance de la zone AOA s'est toutefois révélée quelque peu décevante lors de la publication des chiffres sur neuf mois. Le management a mis ce ralentissement de la croissance au troisième trimestre au compte de différents effets uniques hors du domaine d'influence du groupe. Il s'est montré convaincu que les taux de croissance au quatrième trimestre, ainsi qu'en 2013, connaîtraient une reprise. Nespresso, un des produits phares du groupe attaqué par des fabricants de capsules adaptables, a dégagé une croissance à deux chiffres, sans plus de précision. Le groupe a étendu l'année dernière son réseau de boutiques avec 52 nouvelles ouvertures et compte désormais plus de 300 sites dans 48 pays. Intégration en bonne voie La division Nestlé Waters, qui comprend notamment les eaux minérales San Pellegrino et Perrier, a progressé de 6,4% à 7,2 milliards de francs. La branche Nutrition, qui comporte entre autres les aliments pour bébés, a vu ses ventes croître de 6,7% à 7,9 milliards de francs. L'intégration de la division Nutrition pour bébé, acquise en avril dernier du groupe Pfizer, se déroule bien et selon les plans, a déclaré Paul Bulcke lors d'une conférence de presse à Vevey. Après les décisions des autorités de la concurrence en Australie et en Afrique du Sud, que Nestlé a acceptées, les verdicts des autorités sont attendus dans divers pays d'Amérique du Sud. Concernant de futurs achats, le CEO s'en tient à la politique suivie jusqu'à présent, qui stipule de s'en tenir à de petites acquisitions. De grandes transactions comme celle du secteur Aliments pour bébé de Pfizer ont été faites sur une base opportuniste. Pour ce qui est d'éventuels rachats d'actions, Nestlé agira en fonction des "opportunités". Wan Ling Martello, directrice financière du groupe, a précisé que la priorité était donnée à une politique de dividende durable et que les rachats seraient réexaminés si des excédents étaient disponibles. Le patron de Nestlé a reçu au titre de l'exercice écoulé un salaire de 9,97 millions de francs, contre 9,8 millions de francs en 2011. Le président Peter Brabeck a quant à lui empoché 6,97 millions de francs, un montant stable par rapport à l'exercice précédent. Paul Bulcke a aussi indiqué que le groupe alimentaire se positionnait contre l'initiative Minder sur les salaires abusifs, qui entraînerait selon lui une baisse de compétitivité de la Suisse. Nestlé veut rester en Suisse, a conclu son directeur. Le conseil d'administration de Nestlé devrait accueillir une nouvelle femme. L'assemblée générale du 11 avril se verra proposer l'élection de la Chinoise Eva Cheng. Âgée de 60 ans, Mme Cheng est une ancienne directrice générale du groupe américain Amway Corporation, responsable des zones Chine et Sud-est asiatique, indique Nestlé. Titre en recul A la Bourse, l'action a ouvert en recul de 2,1%. A la mi-journée, cette perte s'était réduite à 1,60%, alors que le titre valait 62,90 francs. Les analystes ont estimé que les chiffres présentés par le numéro un mondial de l'alimentaire étaient solides, même si la croissance organique a été quelque peu "molle". Selon la Banque cantonale de Zurich (BCZ/ZKB), les résultats sont ressortis conformes aux attentes, mais la croissance organique est légèrement inférieure. Le bénéfice net a par contre fait mieux que le consensus du marché. Pour l'ensemble de l'année, la croissance organique a atteint 5,9%, soit légèrement en dessous des attentes, mais la base comparative a été élevée. Comparée au troisième trimestre (5,1%), la croissance organique a néanmoins accéléré. La BCZ ne table pas sur une révision importante des résultats, les analystes de la banque estimant que le résultat est "neutre à légèrement négatif". Les spécialistes de Notenstein ont évoqué des chiffres "appétissants", mais les attentes élevées pour la croissance organique n'ont pas été atteintes. La banque voit notamment des difficultés de croissance en Asie. Mais le développement en Europe, malgré les problèmes, est réjouissant, ont-ils indiqué. Vontobel a quant à elle estimé que les résultats étaient conformes, notant en particulier le niveau élevé des flux de trésorerie. La banque s'est par contre déclarée déçue par le dividende.