L'Algérie n'est pas sur une île isolée. Elle ne fait pas que regarder en face, de l'autre côté de la Méditerranée, mais elle s'en inspire. Doit-elle tenter d'être une copie conforme de ce qu'elle voit en face ? Doit-elle évoluer en phase, en osmose pour tirer profit de ce qu'elle fait et de ce qui est fait en face ? En face, la structuration des programmes et des partis se fait sur des bases socioéconomiques. Comment gagner l'électorat si on ne défend pas des orientations économiques, des objectifs sociaux, l'abaissement des frustrations socioéconomiques. C'est à ce titre que les pays les pays riches et industriels structurent leur champ politique en centres gauche et droite, avec tout ce qui en découle sur les visions économiques et sociales. Mais, malgré que le modèle du libéralisme économique (et politique)se généralise dans le monde, cette sédimentation n'est pas adoptée partout dans le monde, y compris surtout dans les pays arabes. Dès lors qu'on intègre à la participation légale des partis islamistes, on perd toute référence aux structurations politiques et économiques d'outre-mer. Le libéralisme économique libère les initiatives, fait prendre des risques en décidant pour l'avenir, mais il reste vrai que des décisions économiques prises pour l'avenir par anticipation peuvent être considérées comme erronées si elles sont à apprécier par ceux (la justice surtout) qui n'ont pas les mêmes références pour ce qui concerne la prévision de l'avenir, ni même la vision. Prendre une décision que le présent ne peut pas justifier quand l'avenir recèle quand même des incertitudes et que rien ne peut prouver qu'il sera tel que celui qui est prévu peut amener les décideurs économiques à la traduction devant le tribunal même si l'acte de gestion est dépénalisé. C'est la confusion qui en résulte pour les pays arabes qui acceptent de s'engager sur la voie du libéralisme économique sans en faire de même par l'emprunt de la voie de la concurrence politique. Qui se revendique encore du socialisme tant sur le plan économique que politique ? Bien que la Constitution de l'époque contienne une disposition qui interdisait sa révision sur les principes d'irréversibilité de la révolution socialiste, le poids du courant mondial libéral a forcé justement à cette révision plus particulièrement. Y a-t-il une droite et une gauche dans le champ politico-économique de l'Algérie ? On n'en parle ainsi en ces termes ni dans le champ politique, ni dans le champ économique. On ne sait pas du tout ce que c'est d'autant qu'on ne parle plus de promouvoir le socialisme ni de rejeter le capitalisme. On parle bien de la mondialisation, et à part que celle-là nous a été imposée, comme le faisait valoir le Président, on répète quand même souvent que notre économie doit se mettre à niveau pour s'intégrer avec profit dans la mondialisation. Si les concepts y afférent peuvent parfois structurer des discours ou des analyses, il reste qu'ils ne sont vulgarisés et que des parties des populations et de la classe politique ne s'en saisissent pas.