La question de l'aménagement urbain et de l'organisation de la vie citadine se pose avec acuité en Algérie. Toutes les villes du pays, à commencer par les grands pôles urbains, tels la capitale, Oran, Constantine ou Annaba, jusqu'au chef-lieu de daïra le moins peuplé, accusent des insuffisances énormes en matière d'entretien urbain. Même si les équipements publics et les infrastructures de base existent, parfois en abondance même, il n'en demeure pas moins qu'il est rare de trouver une ville qui puisse refléter une image attractive à travers les 48 wilayas du pays. Ainsi, en dépit des sommes colossales que le Trésor public débourse fréquemment dans le cadre des différents programmes d'aménagement urbain, la dégradation s'est érigée en règle dans toutes les villes du pays sans exception. Ce constat vient d'être confirmé, en tout cas, par le récent rapport publié par l'hebdomadaire londonien spécialisé " The economist " qui attribue à Alger la dernière place dans le classement des meilleures villes du monde, après avoir opéré une étude microscopique sur 132 cités urbaines à travers les quatre coins de la planète. Le classement faisant de la capitale algérienne la ville la moins vivable du monde laisse transparaître les failles énormes qui caractérisent la gestion des affaires urbaines et le mode de gouvernance en Algérie, d'une manière générale. En effet, il est vrai que l'étude de la publication britannique prend en compte plusieurs paramètres, comme l'aspect sécuritaire, la cherté de la vie, la disponibilité des moyens de transport et les prestations de services, mais il reste que toutes les anomalies relevées trouvent leur origine dans la conception préalable de la cité urbaine. Cette réalité n'est pas facile à démentir lorsque l'on sait que chaque fois qu'une expertise est effectuée au niveau national se confirme que le malaise urbain en Algérie prend racine dans la conception de la ville elle-même. A ce registre il est vrai que tous les problèmes liés à l'insalubrité, aux perturbations de la circulation, le manque d'eau potable ou les difficultés inhérentes au service public (administration locale, hôpitaux, bureaux de postes, et autres) sont dus au développement des villes qui s'est poursuivi durant des années anarchiquement sans aucune étude préalable. Le fléau de la délinquance et de la petite criminalité qui rend dangereuse la vie en milieu urbain est lui aussi dû à la prolifération des cités dortoirs, dépourvues des moindres moyens de loisirs et de prise en charge des jeunes catégories, qui ne font que favoriser la bidonvilisation des milieux citadins à travers tout le territoire national. Cet état de fait persiste malgré toutes les mesures arrêtées par les pouvoirs publics qui continuent à mobiliser des budgets considérables pour les programmes d'aménagement urbain. A cet égard, il y a lieu de citer le vaste programme d' " amélioration du cadre de vie en milieu urbain " que le gouvernement a mis au point au début de l'année en cours et auquel un budget de plus de cent milliards de dinars a été débloqué. Le programme en question vise comme objectif la réhabilitation des centres urbains dans toutes les wilayas du pays en faisant disparaître toutes les anomalies qui ternissent l'image de la ville algérienne. Toutefois, il y a lieu de relever que plusieurs sont passés sans que ces programmes n'enregistrent une avancée palpable sur le terrain de l'exécution. A l'instar des autres wilayas, Tizi Ouzou, à elle seule, a bénéficié dans le cadre de ce programme d'amélioration du cadre de vie une enveloppe financière de plus de dix milliards de dinars, dont deux milliards sont réservés à la réparation de l'image répugnante du chef-lieu de wilaya. Mais à ce jour, c'est l'attentisme qui prévaut sachant que les budgets n'ont pas encore été débloqués pour des raisons inconnues. Enfin, au-delà de l'argent, la réhabilitation des villes algériennes nécessite des compétences ayant la capacité de s'adapter aux normes de gestion requises par la bonne gouvernance.