Le pétrole rebondissait hier matin en Asie, après le net recul de la veille mais le marché resté plombé par les craintes d'un déraillement de la reprise en zone euro après les élections parlementaires italiennes qui ont débouché sur une impasse. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril gagnait 19 cents à 92,81 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord, échéance avril, prenait 18 cents à 112,89 dollars. "La perspective d'un parlement bloqué en Italie, qui nécessiterait de nouvelles élections continuent d'agiter les marchés", soulignent les analystes de Phillip Futures dans une note. "Le résultat du vote a alimenté les craintes d'impossibilité de formation d'un gouvernement suffisamment solide pour mettre en œuvre des réformes efficaces". L'Italie, 3e économie de la zone euro, se trouve dans une impasse politique inquiétante pour le reste de l'Europe, sans vainqueur clair aux législatives, comme l'a reconnu le chef du centre gauche Pier Luigi Bersani qui a entrouvert la porte au mouvement protestataire de l'ex-comique Beppe Grillo. Le candidat de la gauche au poste de Premier ministre a amorcé un geste d'ouverture envers le Mouvement 5 Etoiles, qui s'est adjugé à la surprise générale un quart des suffrages au parlement. Après l'annonce des résultats, les marchés financiers européens ont subi une journée noire, pris de panique à l'idée que l'Italie devienne ingouvernable et ne fasse replonger la zone euro dans la crise. La veille, le prix du baril a reculé à son plus bas niveau en huit semaines à New York, les investisseurs s'inquiétant de l'incertitude politique en Italie, troisième économie de la zone euro, et anticipant une nouvelle hausse des réserves de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu 48 cents pour clôturer à 92,63 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au plus bas depuis le 31 décembre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé à 112,71 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,73 dollar par rapport à la clôture de la veille. "La principale raison de la tendance à la baisse sur le marché pétrolier est la situation en Italie et les conséquences qu'elle pourrait avoir sur l'ensemble de la zone euro", selon James Williams de WTRG Economics. A l'issue des élections législatives italiennes, la coalition de la gauche menée par Pier Luigi Bersani a obtenu une majorité de sièges à la Chambre des députés, mais au Sénat, aucune majorité claire ne se dégage. "C'est le pire scénario pour l'Italie, et cela garantit une instabilité gouvernementale pour un certain temps" qui pourrait remettre en cause la poursuite des réformes économiques entreprises par le pays, troisième économie de la zone euro, ces derniers mois, a souligné Robert Yawger de Mizuho Securities USA. Les craintes liées à l'Italie ont "occulté l'intervention de (Ben) Bernanke" le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a réaffirmé le cap de la politique monétaire ultra-accommodante de l'institution et "les bons chiffres sur l'immobilier américain", a noté M. Williams. Les prix des logements ont notamment augmenté en décembre pour le onzième mois d'affilée aux Etats-Unis tandis que les ventes de maisons individuelles neuves sont reparties très nettement en hausse en janvier. Mais les opérateurs restaient aussi sur leurs gardes à la veille des chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) sur les stocks d'or noir aux Etats-Unis, considérés comme un baromètre de la demande énergétique du pays, premier consommateur de brut de la planète. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une hausse de 2,3 millions de barils des stocks américains de brut sur la semaine achevée le 22 février. Ces réserves avaient déjà gonflé de plus de 16 millions de barils au cours des cinq semaines précédentes, alimentant les craintes sur la surabondance de l'offre pétrolière aux Etats-Unis. De leur côté, les stocks d'essence sont attendus en baisse de 700 000 barils et les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), très surveillés en période hivernale, en recul de 1,3 million de barils. Les investisseurs continuaient aussi de guetter la reprise des négociations entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sur le programme nucléaire de Téhéran. Ils ont achevé avant-hier leur première journée de négociations à Almaty, au Kazakhstan, et décidé de les poursuivre hier.