Le taux de chômage de la zone euro s'est établi à 11,9% de la population active en janvier, un niveau record, selon les données publiées par l'office européen de statistiques Eurostat. La région est plongée dans une récession plus profonde que prévu qui n'offre aucune perspective d'amélioration dans le secteur de l'emploi. Il avait grimpé à 11,8% en décembre, mois où les données ont été révisées à la hausse. Quelque 18,99 millions de personnes étaient au chômage en janvier dans les 17 pays de la zone euro, indique Eurostat dans un communiqué. En un mois, 201 000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs au sein de l'Union monétaire et environ 1,90 million en un an. "Ces niveaux sont inacceptables", a déploré vendredi Jonathan Todd, le porte-parole du commissaire européen en charge de l'Emploi, Laszlo Andor, y voyant "une tragédie pour l'Europe". L'Espagne et la Grèce les plus touchés La situation est particulièrement critique en Espagne et en Grèce, deux pays lourdement frappés par la crise, où le chômage touche plus d'un actif sur quatre et plus d'un jeune sur deux. Le taux de chômage s'est établi à 26,2% en janvier en Espagne. En Grèce, où les dernières données disponibles datent du mois de novembre, il s'est élevé à 27%.Conséquence de la crise, la situation s'est fortement dégradée en un an dans les pays les plus fragiles, ceux de la périphérie: le taux de chômage a bondi de 20,8% à 27% en Grèce en douze mois, de 9,9% à 14,7% à Chypre et de 23,6% à 26,2% en Espagne. Dans ces deux pays, les jeunes paient un lourd tribut: environ 59,4% des moins de 25 ans étaient au chômage en Grèce et 55,5% en Espagne en janvier, contre 24,2% dans l'ensemble de la zone euro, soit 3,64 millions de personnes. En revanche, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en janvier en Autriche (4,9%), en Allemagne et au Luxembourg (5,3% chacun) et aux Pays-Bas (6%). Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage s'est établi à 10,8% en janvier, contre 10,7% le mois précédent. Au total, 26,21 millions de personnes étaient au chômage dans l'UE début 2013. En comparaison, le taux de chômage était de 7,9% en janvier aux Etats-Unis et s'est établi à 4,2% au Japon, où les dernières données disponibles datent de décembre.
Danger pour la consommation Cette situation risque de peser sur la consommation, un des moteurs de la croissance, "sachant que le pouvoir d'achat est étouffé par des salaires qui ne progressent plus et des politiques d'austérité", estime Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight. "Malheureusement, un changement de tendance n'est pas en vue. Même si l'économie de la zone euro sort de récession dans l'année, le marché de l'emploi risque lui de rester déprimé une grande partie de l'année, si ce n'est tout 2013", estime Martin van Vliet, économiste pour la banque ING. Dans ses dernières prévisions économiques publiées la semaine passée, la Commission européenne allait dans le même sens, estimant que le chômage devrait grimper à 12,2% cette année et se stabiliser à 12,1% en 2014. Elle a en outre prévenu qu'un taux de chômage "élevé et persistant porte le risque de devenir structurel en raison de la perte de compétences" des salariés sans emploi. Panne? Pour tenter de remédier à cette situation, les ministres européens de l'Emploi ont adopté jeudi une proposition de la Commission européenne, la "Garantie pour la jeunesse. Il s'agit d'encourager les Etats membres à offrir à tous les jeunes jusqu'à l'âge de 25 ans "un emploi, un complément de formation, un apprentissage ou un stage de qualité". Mais certains ont laissé transparaître leur désarroi. "L'Europe sociale est en panne", ont déploré le Français Michel Sapin et son homologue allemande Ursula von der Leyen, tout mettant en garde contre le risque "de saper la confiance dans la valeur de la construction européenne et des institutions de l'Union". Ils ont invité à "renouer avec une ambition sociale pour l'Europe", alors que la croissance et l'emploi seront au menu du prochain sommet européen qui se tient mi-mars à Bruxelles.