L'homme qui œuvre avec succès à substituer à l'ordre ultralibéral international un nouvel ordre basé sur une redistribution équitable de la rente et sa mise au service du développement va être cruellement absent dans la continuité d'un tel combat. L'homme qui ose défier son voisin nord-américain le plus fort , le champion de la mondialisation de l'économie libérale, à savoir les Etats-Unis va déserter ce combat . Déserter ? Non, pas tout à fait car il a pensé à sa succession, à la continuité donc du combat qu'il avait mené et gagné, entraînant ainsi une nouvelle dynamique de la pensée nationaliste économique à travers la nationalisation du pétrole et celle des entreprises. Chavez avait de qui tirer et enrichir sa pensée, étant intronisé héritier de Fidel Castro, les deux chefs d'Etat qui avaient fourni bien des préoccupations aux Américains, dans un espace réservé, le pré carré des Etats-Unis. . . Hugo Chavez est mort des suites d'un combat qu'il savait ne pas pouvoir gagner. La faucheuse emporte les grands comme les petits. Hugo Chavez a été un grand. Il sera toujours un grand, car il a osé défier le destin que les grandes puissances capitalistes ont préparé pour le monde à savoir la suprématie du capital sur le travail. La suprématie de l'appropriation de la rente sur sa redistribution équitable, la suprématie des intérêts des multinationales sur ceux du peuple vénézuélien. On pense maintenant aux incertitudes qui s'en suivront dans la lecture de l'avenir du Venezuela sur les plans politique et économique. Quels vont être les rapports de force, même les rapports d'opinion au sein des populations ? Quelles vont être les implications sur l'Amérique Latine, sur les courants liés à la gauche latino-américaine ? La politique menée par Chavez avait été le facteur dynamisant de la montée de la gauche au pouvoir en Bolivie par exemple. Simon Bolivar a été l'inspirateur de Chavez avant sa prise de pouvoir. Simon Boolivar a été le premier président de la République, Chavez a interprété les idées de Bolivar dans le sens nationaliste de la démocratie. (Une démocratie nationaliste?), de la défense " des droits des faibles " et des peuples indigènes. Chavez, après son entrée dans l'armée, et éveillé aux concepts de la révolution par son frère aîné, s'était rapproché des milieux militaires qui voulaient opérer un coup d'Etat. Après deux années de prison, libéré pour qu'il ne soit pas un mythe rassembleur, il a mené un autre combat , celui de l'opinion en sillonnant l'intérieur du pays, portant et divulguant ses idées au plus près surtout des paysans, auxquels il promettait une redistribution des terres . Un ami connu pour ses idées communistes lui conseilla d'aller aux urnes qui consacrent une victoire et un programme, moyen efficace de prendre le pouvoir, plutôt que de tenter à nouveau un coup d'Etat. Dans une situation politique instable, avec une réelle mise en hors jeu des partis traditionnels, un discrédit plutôt, auprès des populations, en février 1999, Chavez remporta l'élection présidentielle en bénéficiant de 56% des voix exprimées. Puis, il enchaîna sur une suite de scrutins qu'il remporta haut la main, référendum, constitution, élection présidentielle à nouveau, élections législatives. En avril 2002, il subit un coup d'Etat qui ne dura que quelques heures grâce aux grandes manifestations organisées par les populations pauvres qui avaient repris confiance en la politique nationaliste du président. Luttant en faveur des populations discriminées par la rente pétrolière, par l'entrée en possession de terres redistribuées, Chavez a fondé sa politique extérieure sur la défense des peuples opprimés C'est ainsi qu'il est devenu un des champions de la reconnaissance du droit des Palestiniens à disposer de leur propre Etat et de l'octroi aux Sahraouis dont il reconnaît la RASD au droit à l'autodétermination tel que le recommandait la communauté internationale à travers les résolutions des Nations unies.