Le ministre de l'Industrie multiplie ses sorties sur le terrain et surtout ses déclarations. Une nouvelle stratégie ? La reprise de la vision Temmar? Cela fait plus de deux décennies plutôt trois que l'Algérie avait fait le choix de ne plus continuer à s'industrialiser tel que cela a été fait. On disait à l'époque qu'on " dormait " sur les acquis de la décennie 90. Nous connaissons le modèle de l'époque, mais, pratiquement, on cherche à identifier l'actuel modèle, ou celui projeté pour l'avenir. A l'époque, le modèle de développement reposait sur l'intégration verticale, ce qui nous avait donné des entreprises géantes qui continuaient à grandir par l'apport de nouveaux projets. Puis, la réforme prônée par l'ancien chef de gouvernement, A. Brahimi, arriva. Plus d'usines nouvelles, ni clés en main, ni produits en main. Il fallait multiplier les entreprises par divisions. Chaque grande entreprise donna naissance à plusieurs autres entreprises de tailles, bien sûr, plus petites, plus gérables et, évidemment, plus privatisables. Il fallait d'abord les extraire du pouvoir de décision, ou plutôt d'injonction des pouvoirs publics grâce à l'autonomie des entreprises. Mais, c'était compter sans le rétrécissement trop précoce de nos ressources extérieures, puis des événements d'octobre, du processus d'avortement des élections législatives, puis du début de l'enfer qui a reçu dernièrement le nom de tragédie nationale. L'Algérie pourtant avait déjà une assise industrielle, peut-être éparpillée du fait de la volonté de réaliser un équilibre régional, mais elle existait tout de même. Les ambitions (ou les prétentions) étaient si grandes au moment du lancement du processus d'industrialisation que l'objectif déclaré était d'atteindre, à l'horizon 80, le niveau de développement de l'Espagne, ou celui qu'avait l'Espagne à la charnière des décennies 60 et 70. La suite, on la connaît, l'Espagne n'était pas rattrapable. Aujourd'hui, en 2006, on se rend compte qu'il nous faudrait disposer d'une stratégie industrielle. D'abord, pourquoi aujourd'hui, et non pas durant les années 80, ou 90, ou au début de la décennie 2000. La réflexion va être lancée selon les déclarations officielles. Des questions se posent inévitablement. Quels moyens pour le financement de la politique d'industrialisation? Faudrait-il mettre cette industrie naissante à l'abri du marché ? Qui sera en charge de son élaboration ? Réflexion à mener par des nationaux ou des étrangers ? Allons- nous retourner aux modèles de clés en main et des produits en main ?