Ce n'est pas encore tout à fait clair dans les esprits. Quand on dit que les investissements ont été réalisés sur dépenses publiques, y a-t-il eu réellement une décennie où les investissements n'ont pas été réalisés sur des dépenses publiques ? Ce n'est pas parce qu'on répète, à tort d'ailleurs, que nous sommes dans une économie de marché pour qu'on dise " ça y est, les investisseurs étrangers arrivent ". Aujourd'hui encore, il n'y a aucune économie de marché pour financer notre développement. C'est la dépense publique qui est destinée à financer ce qui porte le nom d'économie de marché. La différence avec les années 70 et 80 porte sur l'emprunt extérieur. On n'a plus besoin de recourir à l'endettement extérieur. Il est vrai que nous avons assisté à une " désindustrialisation " dans les années 80. Non pas que furent fermées des usines, mais on a enregistré plutôt un arrêt de l'industrialisation, un arrêt des investissements étatiques des investissements réalisés sur dépenses publiques. Bien sûr que nous sommes très en retard sur le plan industriel. On n'en parle plus d'ailleurs. L'éternel problème, à savoir quelle politique nouvelle, on reparle maintenant d'une industrialisation mais on opte pour des usines de montage, aussi bien pour ce qui concerne les véhicules automobiles que l'électronique. Un montage est-il générateur de transfert de technologie ? Combien faudrait-il payer en devises les appareils montés en Algérie ? Ouyahia avait dit que nous n'avons pas besoin de capital, c'est-à-dire d'argent, mais d'un transfert de technologie. Les entrepreneurs étrangers, vont-ils s'endetter auprès de nos banques pour investir en Algérie? Pratiquement, depuis toujours, seules les dépenses publiques (et les dettes extérieures contractées) finançaient le développement. On entendait parler alors de nouvelles trouvailles, des solutions miracles, et celles-ci étaient nommées " clés en mains " et " produits en main ". La stratégie adoptée durant les années 70 ne prenait pas en compte le profit ou la concurrence. La décennie suivante était caractérisée par la multiplication d'entreprises par divisions. Divisions par fonctions. Tailles plus petites pour les rendre plus gérables ou pour les privatiser? La crise financière de 1986, qui s'était traduite par un grand amincissement des ressources provenant de la vente des hydrocarbures, ne pouvait tout de même pas permettre de faire face à la fois au remboursement de la dette extérieure et des importations alimentaires et d'équipements pour faire fonctionner nos entreprises. La décennie 90 marquée par l'extrême violence ne pouvait pas réellement permettre la reprise de l'industrialisation par les dépenses publiques, et encore moins par des investisseurs étrangers sous forme des IDE compte tenu de l'insécurité due au terrorisme. Tout investissement lourd à long cycle de rentabilité était considéré comme risqué, d'où la préférence des étrangers pour le commerce. Pourquoi à chaque fois charger de tous les maux les décennies précédente qualifiées de sources du mal, de laxisme, de fuite ?