Les Nations unies vont enquêter à la demande des autorités syriennes sur des soupçons d'utilisation d'armes chimiques dans la ville de Khan al Assal, près d'Alep, a annoncé jeudi Ban Ki-moon. Cette enquête sera lancée "dès que possible en pratique", a déclaré le diplomate sud-coréen. M. Ban a réaffirmé que l'emploi d'armes chimiques par l'un ou l'autre camp en Syrie, quelles que soient les circonstances, serait "un crime monstrueux" ainsi qu'un "crime contre l'humanité". Il a estimé que "la pleine coopération de toutes les parties sera essentielle" pour l'enquête, y compris un "accès sans entrave" au territoire syrien. Le secrétaire général de l'ONU a précisé que la mission d'enquête serait préparée par ses services en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Les préparatifs porteront sur le "mandat global" de la mission, sa composition et les conditions de sécurité. Le gouvernement syrien et l'opposition armée s'accusent mutuellement d'avoir employé des armes chimiques dans les régions d'Alep (nord) et de Damas. Le gouvernement syrien a déposé mercredi une requête officielle pour une enquête de l'ONU. Paris, Londres et Washington ont annoncé mercredi leur intention de demander aussi une enquête de l'ONU qui porterait sur "toutes les allégations" d'emploi d'armes chimiques en Syrie, venant des deux camps. La Russie a quant à elle soutenu la demande formulée par le régime de Damas d'une enquête sur la seule attaque de Khan al-Assal, près d'Alep, survenue mardi. Vingt-six personnes sont mortes dans l'incident et des rescapés ont dit souffrir de problèmes respiratoires et sentir une forte odeur de chlore après le tir. Des diplomates occidentaux restent prudents sur la véracité des accusations lancées de part et d'autre. L'utilisation à très faibles doses de substances chimiques toxiques par le régime, qui dispose de stocks de divers gaz comme le sarin, est possible "dans le cadre d'une stratégie de la terreur", explique l'un d'eux, mais Bachar al-Assad n'est pas assez aux abois pour "faire n'importe quoi". Les Occidentaux ont à plusieurs reprises affirmé que l'entrée en jeu des armes chimiques dans le conflit syrien était une ligne rouge, mais sans jamais préciser ce qu'il en coûterait aux coupables ni confirmer que ces armes ont bien été employées.