Ahmed Moaz al-Khatib, le chef de l'opposition, condamne cet attentat dont le mode opération rappelle celui d'Al-Qaïda. « C'est un crime que nous rejetons complètement », dit-il, soupçonnant le régime. Le président Bachar Al-Assad, qui réalise qu'il vient de perdre un appui sunnite de poids, s'engage à « nettoyer » le pays des extrémistes. « Ils t'ont tué, croyant faire taire la voix de l'islam et la foi dans le pays (...), ils t'ont tué pour avoir élevé la voix face à leurs idées obscurantistes visant à détruire les principes de notre religion clémente », écrit-il dans un message rendu public hier. « Je jure au peuple syrien que ton sang, celui de ton petits-fils et de tous les martyrs de la patrie n'aura pas coulé gratuitement, car nous serons fidèles à tes idées en anéantissant leur obscurantisme et leur incroyance jusqu'à ce que nous en nettoyons le pays ». Pour les observateurs de la crise syrienne, ce « kamikaze » ne peut être qu'au service de l'opposition qui prend régulièrement pour cible Al-Bouti. La raison ? Il dénonçait régulièrement, dans ses prêches et conférences, les « salafistes ». Il aimait aussi se présenter comme l'adversaire numéro un de « l'Union mondiale des oulémas musulmans », parrainée par Yousef al-Qardaoui. Vers un remake du scénario libyen ? Par ailleurs, l'ONU, qui a adopté, jeudi, une résolution prolongeant d'un an le mandat de sa commission d'enquête sur la situation en Syrie, annonce l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation potentielle d'armes chimiques à Khan al-Assal, près d'Alep. Selon Martin Nesirky, porte-parole de Ban Ki-moon, cette enquête, qui sera lancée « dès que possible » avec la coopération de l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques et l'Organisation mondiale de la Santé, pourrait s'étendre à Atayba, est de Damas et Homs. Barack Obama, dont l'administration n'a pas trouvé d'élément accréditant l'emploi d'armes chimiques en Syrie, met en garde Assad qui « doit partir », dit-il, contre leur utilisation « contre le peuple syrien ou leur transfert à des groupes terroristes ». Les Occidentaux, qui ont affirmé à plusieurs reprises que l'entrée en jeu des armes chimiques dans le conflit était une ligne rouge, envisagent une action militaire. « Individuellement », précise le commandant suprême de l'Otan, l'amiral américain James Stavridis. « Nous sommes prêts, si on nous le demande, à nous engager en suivant la même séquence que pour la Libye, en 2011, c'est-à-dire sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité et d'un soutien des pays de la région », explique-t-il devant la commission des Forces armées du Sénat américain. Selon Stavridis, aider la rébellion permettra à la Syrie de sortir de l'impasse et de mettre fin au régime.