Près de 100.000 emplois ont été rayés de la carte en 2012 dans les secteurs marchands, notamment dans l'intérim (-61.000), selon des données définitives, bien plus sombres que les provisoires, publiées mercredi par l'Insee, qui table sur une poursuite de la tendance. L'Institut national de la statistique et des études économiques a revu à la baisse l'estimation publiée mi-février: l'économie française a détruit in fine 44.600 postes au 4e trimestre 2012 et 46.000 au 3e trimestre. Le nombre total d'emplois disparus atteint ainsi 99.500 pour l'année (-0,6% par rapport à 2011), contre 66.800 annoncés dans un premier temps. L'intérim, réputé précurseur des évolutions du marché de l'emploi, a perdu à lui seul 61.000 postes en 2012, soit 10,7% de ses effectifs. Après la reprise observée en 2010, la France a recommencé à détruire des emplois au dernier trimestre 2011, malgré un court répit début 2012. Les chiffres de 2012 n'atteignent toutefois pas les niveaux observés pendant la crise de 2008-2009. "Au plus fort de la crise, en 2009, on avait constaté 260.000 destructions d'emploi. Et en 2008, 190.000 avaient été perdus", rappelle Frédéric Tallet, chef de la cellule conjoncture et emploi à l'Insee. L'expert souligne également que, pour l'intérim, première variable d'ajustement, la dégringolade avait été de 20% en 2008, avec 135.000 postes supprimés, soit plus de deux fois plus qu'en 2012. En 2012, les intérimaires, comptabilisés dans le tertiaire, quel que soit le secteur dans lequel ils effectuent leur mission, tirent à la baisse les chiffres de l'emploi pour ce secteur des services (56.200 postes détruits pour le tertiaire en un an, soit -0,5%). L'industrie est aussi durement touchée, avec 29.400 emplois supprimés (soit -0,9% par rapport à fin 2011). Du côté de la construction, le solde est aussi négatif pour 2012 (-13.800 postes, soit -1%). En revanche, les secteurs non-marchands ont créé 22.000 emplois l'année dernière. Le nombre total d'emplois salariés dans le secteur marchand atteignait ainsi 15,96 millions fin 2012. Pour espérer stabiliser le chômage, il faudrait que l'économie crée 30.000 à 40.000 postes chaque trimestre, selon les économistes. Or l'Insee table sur 75.000 nouvelles destructions d'emploi pour le seul premier semestre 2013. "Cela représenterait toutefois une légère amélioration, puisque plus de 90.000 emplois ont été perdus au second semestre 2012", note M. Tallet. Pour le 21e mois consécutif, la liste des inscrits à Pôle emploi s'est encore allongée en janvier, portant leur nombre à 3,169 millions, proche du record de 1997 (3,19 millions). Malgré des perspectives moroses sur le front de la croissance, le président François Hollande a réitéré mardi, lors d'un déplacement à Dijon, son objectif d'inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année.