Les principales organisations musulmanes de Birmanie ont appelé à une protection active des forces de sécurité contre les violences communautaires, alors que le dirigeant birman Thein Sein a lancé jeudi dernier un appel au calme dans un discours à la télévision. "Les vies et les biens de la communauté de l'islam, les mosquées et écoles religieuses de Birmanie ne sont plus en sécurité et la situation est inquiétante", indique une lettre adressée au pouvoir birman envoyée le 26 mars à la présidence, selon Nyunt Maung Shein, le président du Conseil des affaires islamiques. "Ces attaques violentes incluent des incendies volontaires et des massacres qui méritent une punition sévère", soulignent les quatre organisations signataires, qui accusent les forces de sécurité de "négligence" et de passivité. Les violences entre communautés bouddhistes et musulmanes ont fait 40 morts la semaine dernière à Meiktila, dans le centre du pays. Elles se sont depuis étendues à d'autres communes. Aussi, de nombreuses mosquées et habitations ont été détruites et des quartiers soumis au couvre-feu. Les incidents sont quotidiens depuis quelques jours dans une vaste région au nord de la capitale birmane Rangoun. Des dizaines de personnes ont été arrêtées. "Les massacres et dégâts sur les bâtiments religieux et propriétés sont imputables à la faiblesse de la protection et des actions prises par les autorités responsables", accusent les auteurs de la lettre. Dans ce contexte, les Etats-Unis disent surveiller de très près la manière dont les responsables birmans répriment les violences qui opposent depuis plusieurs jours bouddhistes et musulmans, selon un porte-parole du département d'Etat, Patrick Ventrell . Sur le terrain, "une mosquée et quelques maisons ont été détruites à Nattalin", a indiqué un responsable policier. "Environ 200 villageois sont venus en ville. La foule a détruit la mosquée et des maisons", a ajouté un résident cité par des médias, précisant qu'il n'y avait pas eu de victimes. Plusieurs incidents du même type, lors desquels des mosquées ont été détruites, ont eu lieu depuis lundi dans d'autres communes de cette région de Bago, à environ 150 kilomètres de Rangoun. En conséquence, "pour empêcher les conflits et les émeutes", les autorités locales ont imposé un couvre-feu du crépuscule à l'aube dans trois d'entre elles, Gyobinggauk, Oakpho et Minhla, a indiqué le quotidien d'Etat New Light of Myanmar. Une simple querelle mercredi entre un vendeuret des clients à Meiktila, dans le centre du pays, avait dégénéré, conduisant à la destruction par le feu de quartiers entiers et de mosquées, tandis que des corps calcinés gisaient dans les rues, selon les médias. Pendant trois jours, des groupes d'émeutiers, dont des moines bouddhistes, avaient transformé Meiktila en "coupe-gorge" avant que la ville ne soit placée sous état d'urgence et que l'armée n'en reprenne le contrôle samedi. Selon l'ONU, citant des estimations du gouvernement, plus de 12.000 personnes ont été déplacées. Le représentant spécial de l'ONU pour la Birmanie, Vijay Nambiar, effectuait dimanche une visite dans ce pays où les violences communautaires ont fait plusieurs morts.