Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon craint que les tensions entre bouddhistes et musulmans dans l'Etat Rakhine (ouest de la Birmanie) ne fassent dérailler le processus de réformes en Birmanie et ne débordent sur les pays voisins, a dit, avant-hier,l'ONU. M. Ban a évoqué ce risque avec le secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu, expliquant que ces incidents doivent être traités avec soin à cause des implications de cette affaire de Rakhine sur le processus de réformes en Birmanie et les autres pays, a indiqué le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. Le président birman Thein Sein s'était auparavant engagé auprès de M. Ban à tenter d'apaiser ces tensions communautaires, au cours d'un entretien en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Thein Sein et Ban Ki-moon ont évoqué les perspectives immédiates et à long terme d'encourager l'harmonie entre communautés et de traiter les causes profondes de la tension dans cette région, a indiqué M. Nesirky. Le président birman a confirmé que son pays traiterait les implications à long terme de ce problème, a-t-il ajouté. M. Ban a de son côté appelé à des efforts concertés pour mettre fin à la guerre entre le gouvernement et les rebelles Kachin dans le nord de la Birmanie. Dans son discours jeudi devant l'Assemblée générale, Thein Sein avait affirmé qu'il s'efforçait de mettre totalement fin à ce conflit, qui fait de nouveau rage depuis juin 2011 après 17 ans de paix. Les Rohingyas, au cœur des violences en Etat Rakhine, sont une minorité musulmane apatride considérée par l'ONU comme l'une des plus persécutées du monde. Des violences entre Rohingyas et membres de l'ethnie rakhine, des bouddhistes, ont fait au moins 90 morts dans cet Etat situé sur la frontière avec le Bangladesh, selon les chiffres officiels. Les quelque 800 000 Rohingyas présents en Birmanie sont considérés par le gouvernement et par de nombreux Birmans comme des immigrants illégaux. Les autorités birmanes ont ouvert une enquête sur ces violences. M. Ban a aussi félicité le président pour sa vision politique et l'a encouragé à continuer de se concentrer sur le processus de réformes entrepris dans son pays, selon l'ONU. Il avait organisé vendredi une réunion ministérielle du groupe des Amis de la Birmanie, réunissant des représentants des Etats-Unis, de l'Union européenne et d'Asie. Les ministres ont pris note des progrès accomplis par le gouvernement birman depuis la dernière réunion du groupe il y a un an, a indiqué à la presse le représentant spécial de l'ONU pour la Birmanie Vijay Nambiar. Nous espérons que ces progrès vont continuer et aboutir à un renforcement des institutions démocratiques et à la paix avec tous les groupes ethniques et religieux.