" Votre politique agricole est porteuse d'espoir et les résultats tangibles sont là pour y témoigner. Des avancées remarquables ont été réalisées ces dernières années ", a souligné, hier, en s'adressant à M. Rachid Benaïssa, ministre de l'agriculture et du Développement rural, M. Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui a organisé un colloque sur " la sécurité alimentaire : Quels programmes pour réduire la dépendance en céréales et lait ? ", sous le haut patronage du président de la République, en présence des ministres de l'Agriculture et du Développement rural et de Commerce, avec comme invité d'honneur M. Xavier Beulin, président de la fédération nationale (française) des syndicats d'exploitants agricoles (FNSE) ainsi que d'autres experts et cadres des deux ministères et organisations patronales, plus la présence des agriculteurs réunis à l'hôtel Sheraton d'Alger. Le secteur de l'agriculture a connu en effet des progrès énormes en termes de la hausse de la production agricole dans diverses filières et de croissance à deux chiffres, sous la houlette de Rachid Benaïssa, qui a mis en place différents mécanismes de promotion et de développement de filières et de l'interprofessionnalisation ainsi que la mobilisation de tous les acteurs autour de la question de la sécurité alimentaire, classé un enjeu de souveraineté nationale. M. Hamiani a rappelé ainsi les dispositifs mis en place par le ministère comme notamment la politique de Renouveau agricole et rural, émergence de nouveaux pôles agricoles dans le Sud et la création du " Club des 50 " meilleurs exploitants agricoles ainsi que la remontée des filières, sans omettre les relations de partenariats avec des organisations internationales pour le transfert des connaissances et de savoir-faire. " Le secteur agricole a enregistré plus de 50 % de croissance ces 5 dernières années " affirme le président du FCE, sans pour autant verser dans l'autosatisfaction car tout reste encore fragile tant que l'Algérie ne couvre pas les besoins nationaux de la population dans notamment les céréales et le lait. Car ces deux produits objet du colloque conditionnent le modèle algérien de consommation et occupent bon an mal an quelque 50 % des importations en produits alimentaires. Les importations de céréales et de lait sont encore très importantes ; eu égard aux aléas du marché international et de la dépendance de l'économie nationale des hydrocarbures. Selon les experts, l'examen du potentiel agroalimentaire algérien par ce colloque est stratégique quand on sait que certains pays ont refusé de vendre des produits alimentaires à d'autres durant la crise mondiale de 2008. Faut-il savoir en outre que dans le monde les stocks de sécurité des produits alimentaires stratégiques ne dépassent pas les deux mois, sans compter les aléas liés aux cours des hydrocarbures dont l'économie algérienne dépend à plus de 90 %. " En 2002, nous avons importé en produits alimentaires près de 3 milliards de dollars ; et nous importons aujourd'hui (2012) prés de 9 milliards de dollars. Plus de 50 % de ces montants se rapportent aux céréales et au lait en poudre qui, comme vous le savez, sont subventionnés par l'Etat " a-t-il ajouté. Doubler la production agricole actuelle dans 5 ans Selon lui, la facture à l'importation de ces deux produits a explosé en 2008 et 2011, avec un montant pour chacune de ces deux années, dit-il, de 5 milliards de dollars. Le coût de notre alimentation importée est estimé à 20 % des importations globales. M Hamiani s'interroge à propos sur la véracité de ce chiffre de consommation, s'il correspond réellement aux besoins de la population algérienne, ou bien y a-t-il , contrebande et fuite organisée à nos frontières de ces deux produits subventionnés ? Ce colloque se veut donc un espace de réflexion et d'action entre experts et hommes de terrain algériens et étrangers en vue de s'entendre sur les solutions qui pourraient permettre à l'Algérie de relever le défi d'assurer ,au minimum, la sécurité alimentaire à la hauteur de 70 à 80 % pour les céréales et le lait, dans les 5 ans à venir, selon le président du FCE qui insiste sur l'urgence de doubler le niveau de la production agricole actuelle, comme proposé lors du symposium tenu en mars 2012. M Omar Ramdane, président d'honneur du FCE est intervenu pour dire que ce défi est à la portée de l'Algérie qui recèle des conditions nécessaires pour atteindre cet objectif de l'autosuffisance tant souhaité par les différents gouvernements depuis 1962. " Selon les industriels avec qui nous avons discuté sur la question, il est possible pour l'Algérie de réaliser 70 à 80 % des besoins de " la population en céréales et en lait par la production nationale en l'espace même de 3 ans et non 5 ans, si seulement on met en place certaines conditions que le colloque va définir sous forme de recommandations " a-t-il ajouté. M. Benaïssa est intervenu pour mettre l'accent sur les différents programmes de développement de l'agriculture algérienne en terme notamment de progrès palpables réalisés ces dernières années avec une croissance qui atteint, dit-il, les 19% et de satisfaction des besoins de la population en quantité et qualité. Il n'a pas manqué de s'interroger sur d'autres facteurs pour aller encore plus vite dans la sécurité alimentaire et la promotion de l'agriculture. " Est-ce que ce n'est pas possible de rattraper notre retard par la mise en œuvre des nouvelles connaissances pour produire plus et mieux ", pour aller de l'avant dans la conquête de nouveaux espaces et espèces de production sans pour autant verser dans l'utilisation de fertilisants à outrance et accéder ainsi à la production bio et écologique.