La Douma, chambre basse du Parlement russe, a approuvé, hier, la nomination à la tête de la banque centrale de la conseillère économique de Vladimir Poutine, Elvira Nabioullina, qui a affirmé que la lutte contre l'inflation devait rester la priorité de l'institution. Devant les parlementaires, cette ancienne ministre du Développement économique de 49 ans s'est livrée à un numéro d'équilibriste: tenter de rassurer ceux qui craignent de la voir céder aux pressions du pouvoir en baissant les taux pour soutenir l'activité, mais aussi assurer que l'institution devait se soucier de la croissance, actuellement chancelante. Sa candidature, annoncé mi-mars par le président russe, a été approuvée par 360 députés, 20 votant contre et un s'abstenant. Elle doit encore recevoir le feu vert de la chambre haute du Parlement pour prendre la suite de Sergueï Ignatiev, qui dirige l'institution depuis onze ans et dont le mandat s'achève en juin. Le choix de cette proche alliée de Vladimir Poutine a soulevé une certaine inquiétude dans les milieux économiques, qui craignent pour l'indépendance de cette institution respectée. Le président, comme certains ministres, ont en effet estimé que le niveau élevé des taux d'intérêt freinait l'activité économique, qui a subi un brusque ralentissement ces derniers mois. Le gouvernement a reconnu fin mars qu'il ne pourrait pas tenir son objectif de croissance (3,6% pour 2013 après 3,4% en 2012). Les responsables de la banque centrale sont malgré tout restés très fermes, assurant qu'ils ne baisseraient son principal taux que quand l'inflation, actuellement au-delà de 7% en glissement annuel, ralentirait. Elvira Nabioullina a elle aussi affiché sa fermeté face à la hausse des prix, estimant que l'institution devait cibler une inflation de 3% à 4%, contre une fourchette actuellement de 5% à 6%. En tant qu'ancienne ministre du Développement économique, je ne peux pas ne pas penser à la croissance, a-t-elle cependant déclaré. La banque centrale doit contribuer à la croissance économique, mais en utilisant les instruments dont elle dispose, a ajouté la conseillère économique du Kremlin. Parmi les missions principales de la banque centrale, elle a mis en avant une modération de l'inflation, pour rendre l'économie prévisible, mais qui ne pèse pas sur la croissance. Elvira Nabioullina a cependant souligné que le soutien de l'activité revenait en premier lieu au gouvernement qui devait agir pour améliorer le climat des affaires et attirer les investissements.