Les ministres des Finances des pays du G20 ont déclaré, avant-hier, qu'ils ne jugeaient pas nécessaire de fixer des objectifs fixes de réduction des dettes nationales et qu'ils seraient attentifs aux éventuels effets négatifs des politiques d'injection massive de liquidités destinées à stimuler la croissance comme au Japon. Le ministre russe des Finances Anton Siluanov a déclaré lors d'une conférence de presse que les responsables du Groupe des Vingt avaient jugé plus important de s'entendre pour réduire globalement la dette que de fixer des objectifs chiffrés. "Nous avons convenu qu'il s'agirait de paramètres souples, des sortes d'objectifs stratégiques, des objectifs qui pourraient être amendés ou ajustés en fonction des situations spécifiques dans les économies nationales"', a-t-il dit. Dans le communiqué publié à l'issue d'une réunion de deux jours, le G20 a également déclaré qu'il serait "attentif" aux retombées potentielles de la prolongation des politiques monétaires non conventionnelles de soutien à la croissance. Les banques centrales ont inondé les économies avancées de liquidités dans le but de stimuler les marchés du crédit et les dépenses, ce qui soulève des craintes d'un afflux excessif de capitaux, notamment vers les pays en développement. Anton Siluanov a ajouté que le G20 avait convenu qu'il était nécessaire de surveiller plus étroitement les retombées du plan de la Banque du Japon de racheter plus de 1 000 milliards d'euros de produits financiers sur les marchés d'ici deux ans. Les discussions du G20 ont été dominées par la question de la zone euro, a-t-il dit, dont les économies, soumises à de sévères plans d'austérité, n'arrivent pas à sortir du marasme. Certains pays du G20 se sont d'ailleurs inquiétés de la focalisation de la réunion sur les problèmes de la zone euro. "C'était censé être une réunion du G20 mais à un certain moment j'ai cru qu'il s'agissait d'une réunion du G7. Tout ce que nous avons entendu était à quel point l'Europe était malade et à quel point de nombreux pays dans le monde en étaient affectés", a dit le ministre des Finances indien P. Chidambaram. Objectifs souples de dette Il y a eu quelques désaccords concernant la nécessité ou non de fixer des objectifs précis de réduction de la dette. Les Etats-Unis et le Japon ont refusé de s'engager sur un ratio de dette/PIB. La Russie (qui préside de G20 cette année), espérait pouvoir trouver un accord fixant des objectifs d'ici au sommet du G20 de Saint-Pétersbourg, en septembre. Les grandes puissances remettent en cause les politiques d'austérité à l'œuvre, des efforts d'assainissement budgétaire accusés désormais de plomber la croissance, notamment de la Grande-Bretagne qui affronte sa cinquième récession en cinq ans. Moins de deux mois après Moody's, Fitch a privé la Grande-Bretagne de la note de crédit suprême "triple A" en évoquant la détérioration des perspectives économiques et budgétaires du pays. L'agence de notation prévoit que la dette publique du pays culminera à 101% du PIB sur l'exercice 2015-2016, au lieu des 97% estimés auparavant. Anton Siluanov a ajouté qu'une coordination plus étroite était nécessaire avec la Fonds monétaire international (FMI) sur les liquidités en circulation au niveau mondial, une question sur laquelle des recommandations sont attendues d'ici juillet. Les ministres des Finances du G20 ont également réaffirmé l'engagement des pays développés à mettre en place d'ici septembre des stratégies budgétaires à moyen terme. "Les économies avancées vont développer des stratégies budgétaires à moyen terme d'ici au sommet de Saint-Pétersbourg", ont déclaré les ministres de Finances et les dirigeants des banques centrales dans un communiqué commun publié à l'issue de leurs discussions à Washington. Ils réaffirment ainsi les déclarations faites à l'issue de la précédente réunion ministérielle du G20, en février. Ils ont par ailleurs appelé le Conseil de stabilité financière (FSB), organe de coordination des autorités financières du groupe, à superviser la réforme des taux interbancaires comme le Libor, à l'origine d'un scandale qui a éclaboussé certaines des plus grandes banques du monde. Un rapport sur l'avancée des travaux lui est demandé en juillet.