Le pétrole s'affichait en repli, hier en Asie après la publication de statistiques confirmant le ralentissement de la croissance de la Chine, deuxième économie mondiale. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin, dont c'est le premier jour de cotation à cette échéance, reculait de 43 cents, à 88,76 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison également en juin glissait de 34 cents, à 100,05 dollars. Selon un indicateur préliminaire publié mardi par la banque HSBC, la production manufacturière en Chine connaît en avril une expansion plus lente qu'au mois de mars, ce qui confirme que "la croissance chinoise est plus lente", souligne Kelly Teoh, analyste chez IG Markets à Singapour. L'indice PMI des directeurs d'achat s'établit à 50,5, contre 51,6 en mars, selon HSBC, "les nouvelles commandes à l'exportation s'étant contractées en avril après un rebond en mars", a observé Qu Hongbin, économiste chez HSBC à Hong Kong. Une valeur supérieure à 50 sur l'échelle PMI indique une expansion de l'activité, et un chiffre inférieur à cette limite une contraction. La croissance de l'économie chinoise a ralenti à 7,7% en rythme annuel au premier trimestre par rapport à 7,9% trimestre précédent et le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour la Chine en 2013, à 8%, contre 8,2% encore prévus en janvier. Pour David Lennox, spécialiste des matières premières chez Fat Prophets à Sydney, "les courtiers lisent les données du PMI chinois à la lumière des chiffres du PIB publiés la semaine dernière, nuisant aux cours du brut". Une mauvaise nouvelle supplémentaire dans un contexte déjà passablement morose avec des difficultés persistantes en zone euro et les inquiétudes du marché pour la relance aux Etats-Unis dont on connaîtra vendredi le taux de croissance du PIB pour le premier trimestre. Or le marché pensait qu'"une forte croissance en Chine compenserait une demande plus faible aux Etats-Unis et en Europe", a noté David Lennox. La veille, les cours du pétrole coté à New York a terminé en hausse, poursuivant son rebond après les fortes pertes observées la semaine dernière, dans un marché aidé par un regain d'intérêt pour les actifs jugés risqués comme les matières premières. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai, dont c'est le dernier jour de cotation, a avancé de 75 cents à 88,76 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 100,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 74 cents par rapport à la clôture de vendredi. Une partie des gains enregistrés correspond à des mouvements techniques après le recul de la semaine dernière, déclenché par l'annonce de mauvaises données en provenance de Chine et de la baisse par le Fonds monétaire international de ses prévisions de croissance mondiale, a remarqué James Williams, de WTRG Economics. Le marché a alors un peu sur réagi, descendant même sous la barre des 86 dollars, et commence à se stabiliser après avoir déjà repris un peu de terrain jeudi et vendredi, a noté Bill Baruch, de iiTrader.com. Il est aidé en cela par un rebond sur le marché des actions, alors que les indices de Wall Street s'affichaient dans le vert en deuxième partie de séance, et par un regain de vigueur de l'ensemble des cours des matières premières, a ajouté l'expert. Par ailleurs le fait que les pays riches et émergents du G20, réunis en fin de semaine dernière à Washington, aient apporté une forme d'assentiment à la nouvelle politique monétaire ultra-accommodante du Japon, est positif pour tous les actifs considérés comme risqués, selon Robert Yawger, de Mizuho Securities USA. La Banque du Japon est prête à investir un montant considérable qui vient s'ajouter aux mesures exceptionnelles de soutien de la banque centrale américaine et pourrait aider à la reprise économique, a souligné M. Yawger. Mais l'effet de cette nouvelle va sans doute se dissiper dès demain, a prévenu M. Williams notant que les investisseurs se préparaient déjà à la diffusion vendredi du chiffre sur le PIB américain au premier trimestre. Déjà, l'annonce la veille d'une baisse surprise des ventes de logements anciens aux Etats-Unis en mars a contribué à limiter la progression des cours du pétrole. Les investisseurs continuaient par ailleurs à s'interroger sur les intentions des pays de l'Opep (Organisation des pays producteurs de pétrole). Les prix du brut avaient été soutenus en fin de semaine dernière par la perspective d'une action concertée de l'Opep pour réduire sa production afin d'enrayer la baisse des prix, le Venezuela évoquant même la possibilité d'une réunion exceptionnelle du cartel. Mais le ministre iranien du Pétrole, Rostam Ghassemi, a écarté samedi la tenue prochaine d'une réunion extraordinaire de l'Opep avant celle prévue le 31 mai, estimant que le prix actuel du brut n'était pas un sujet d'inquiétude. Dans ce contexte, l'annonce par les Emirats arabes unis de leur volonté d'augmenter leur capacité de production de pétrole à 3,5 millions de barils par jour en 2017, contre environ 2,6 mbj actuellement, est de nature à peser sur les cours, selon M. Williams.