Le groupe algérien Cevital est décidé à se donner les moyens nécessaires à son développement. C'est là, la ligne que s'est fixé son PDG, M. M. Issad Rebrab. Dans une conférence de presse tenue, hier au siège du groupe, M. Rebrab a affirmé que Cevital doit relever les défis de la mondialisation. Selon lui, le marché de référence ne peut plus être le pays ou le continent mais le monde. Par ailleurs, le groupe Cevital envisage d'occuper la deuxième place sur le marché algérien après la société nationale des hydrocarbures Sonatrach. Pour y arriver, il s'est lancé dans une politique de diversification tous azimuts avec des projets gigantesques dans plusieurs secteurs. Son dernier projet, né au début de l'année, s'appelle "Cap 2015". L'homme d'affaires veut créer de toutes pièces, à l'est d'Alger, une nouvelle ville industrielle avec des usines pétrochimiques, un complexe sidérurgique, une usine d'aluminium, un port, des centrales électriques, des unités de transformation, de construction automobile et navale. Un investissement d'au moins 20 milliards de dollars. Concernant justement le projet, M. Rebrab a affirmé que "le mégaprojet Cap 2015 est, aujourd'hui, une réalité". A ce titre, Cevital est en discussion avec des leaders mondiaux de l'industrie qui sont partants et prêts à investir. Pour concrétiser ses projets, Cevital mise sur le partenariat. Cependant, comme l'a expliqué M. Rebrab, "nous préférons choisir nos partenaires plutôt que de les subir". Cevital prend donc l'initiative. M. Rebrab a précisé que la signature de certains contrats avec ces partenaires se fera avant la fin de cette année, notamment en ce qui concerne l'usine d'aluminium et le complexe sidérurgique. Le groupe ne rencontre donc aucun problème pour mobiliser des fonds en project financing. Selon le premier responsable de Cevital, la pierre angulaire de ce projet reste la création d'un hub portuaire majeur à Cap Djinet, sans lequel Cap 2015 ne peut être réalisé. Il citera à ce titre l'expérience sud asiatique en la matière. L'objectif pour Cevital n'est pas de posséder un port, mais plutôt pouvoir réaliser des complexes industriels performants autour de ce port. Cap 2015 accueillera des pôles de compétitivité de compétence industrielle, sept projets dans la pétrochimie, un complexe de production d'aluminium (400 000 tonnes par an) avec des investissements en aval pour la transformation de cet aluminium. Un complexe sidérurgique qui sera en synergie avec les autres projets, à savoir la construction navale, la fabrication de containers laquelle intéresse déjà des entreprises, à l'image de Maersk, MSC et CMA. En outre, le projet comprend un complexe de fabrication automobile. M. Rebrab précise qu'il s'agit de fabrication et non de montage, ajoutant que des discussions sont en cours avec des constructeurs internationaux. Il prévoit pour cette unité 250 000 unités/an avec 10 000 unités destinées à l'exportation. Par ailleurs, le site du projet Cap 2015 accueillera également une centrale de production d'électricité de 1 200 mégawatts et une usine de dessalement d'eau de mer, ainsi que d'autres industries. Ce complexe logistique, industriel et énergétique intégré pourrait créer plus de 100 000 emplois directs et plus d'un million d'emplois indirects. Il pourrait induire 15 milliards de dollars de recettes d'exportations hors hydrocarbures avant 2015 et 30 milliards de dollars avant 2030. Sur un autre plan, Cevital veut s'internationaliser. En effet, à l'instar des groupes mondiaux, Cevital veut aller à la recherche et l'occupation d'autres territoires. A ce titre, le groupe compte investir dans les pays développés (pays du Nord) pour accompagner ses exportations. Pour pérenniser ses exportations dans un pays, M. Rebrab estime qu'il faut s'y installer. Ainsi pour pérenniser les exportations de verre plat qui commenceront vers l'Europe d'ici la fin de l'année, Cevital compte créer des plates-formes et acheter des transformateurs qui ont déjà un marché sur place. Par ailleurs, le groupe veut développer une coopération sud-sud dans le cadre du Nepad. Pour Cevital, il y a énormément d'opportunités dans les pays du Sud notamment en matière de construction de raffineries d'huile et de sucre. La coopération avec les pays arabes n'est pas en reste puisque le groupe ambitionne de développer des investissements avec ces pays pour justement attirer les fonds arabes et parallèlement investir chez eux. Cevital affiche une dynamique de croissance explosive autour d'objectifs ambitieux à l'horizon 2010 : plus de 25 000 employés et un chiffre d'affaires de 4 à 5 milliards de dollars US avec un programme d'investissement très agressif de 2,3 milliards de dollars de 2006 à 2010. La filière agroalimentaire connaît une croissance du chiffre d'affaires de 50% par an. Ce dernier est passé de 3,2 milliards de dinars en 1999 à 62,8 milliards de dinars en 2006.