Hier, les cours du pétrole se stabilisaient, au lendemain d'une envolée des prix provoquée par un regain de tensions géopolitiques et soutenue par les inquiétudes persistantes sur les réserves pétrolières américaines. A la mi-journée, le baril de "light sweet crude" à New-York perdait 2 cents à 76.28 dollars. Quant au Brent de la mer du Nord pour l'échéance d'octobre, il s'établissait à 74,61 dollars, en baisse de 16 cents. Jeudi, les cours du brut étaient montés en flèche jusqu'à 77,43 dollars, à un dollar de leur record historique, 78,77 dollars atteints le 1er août. Ce rebond fait suite au regain des tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient. En effet, la Syrie a déclaré que sa défense antiaérienne avait tiré, jeudi à l'aube, sur des avions israéliens qui avaient violé son espace aérien, faisant monter la tension entre les deux pays. Par ailleurs, le Nigeria, premier producteur de brut en Afrique, est à nouveau plongé dans la violence et l'insécurité. Le consulat américain à Lagos aurait mis en garde contre d'éventuelles attaques terroristes visant des intérêts occidentaux au Nigeria, selon des analystes. "Ce sont des facteurs qui tirent les prix à la hausse", a souligné M. Victor Shum, de Purvin and Gertz à Singapour. En outre, les inquiétudes sur les approvisionnements d'essence américains persistent. Lors de la semaine achevée le 31 août, les réserves d'essence ont à nouveau chuté de 1.5 million de barils et les stocks de brut plongeaient de 3.9 millions de barils. Les stocks d'essence sont à présent à leur plus bas niveau depuis au moins 16 ans en terme de jours de consommation, représentant moins de 20 jours de demande. Les prévisions météorologiques montrent que le golfe du Mexique restera sous la menace des ouragans jusqu'à la fin du mois de novembre. Les prix montent également à l'approche de la prochaine réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 11 septembre à Vienne. Le marché ne prévoit pas une augmentation du volume de production. L'Opep pourrait repousser une éventuelle décision sur sa production à sa prochaine réunion, qui se tiendra le 5 décembre. Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a déclaré mercredi qu'il y avait "suffisamment de pétrole sur le marché", et son homologue qatari M. Abdallah Al-Attiyah avait affirmé la veille qu'il n'y avait "pas lieu d'augmenter la production", le marché ne souffrant d'"aucune pénurie". Une position que ne partage l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui, pour sa part, estime que l'Opep devrait mettre sur le marché entre 1,5 et 2,4 millions de barils par jour de plus pour répondre à la demande hivernale de pétrole arguant que les stocks pétroliers baissent fortement depuis le début de l'été dans le monde. Pour Leo Drollas, chef économiste du Centre for global energy studies (CGES), l'Opep souhaite voir les prix rester au-dessus de 70 dollars le baril, "même si elle n'aime pas le dire tout haut. Elle craint de voir les prix tomber fortement si elle augmente sa production". La crise des prêts hypothécaires à risque américains, dits "subprimes", devrait peser sur la croissance des grands pays industrialisés, ce qui pourrait peser sur la demande de pétrole. L'Opep garde en tête la crise asiatique de 97-98, qui avait provoqué un effondrement durable des prix de l'or noir, et a été échaudée par une spectaculaire chute des cours du brut fin 2006 : ils étaient tombés de plus de 78 dollars le baril pendant l'été à moins de 50 dollars mi-janvier. La production du cartel s'élève à environ 30,5 mbj (y compris l'Irak et l'Angola, non soumis au système des quotas), soit environ un tiers de la production mondiale (environ 85,3 mbj).