Convalescent depuis son violent effondrement de la mi-avril, le cours de l'or a continué cette semaine de piétiner dans une fourchette étroite, hésitant entre banques centrales et indicateurs économiques, au gré d'une demande très contrastée. Or Le cours de l'once d'or, qui avait lâché plus de 220 dollars en l'espace de deux séances mi-avril, en a seulement regagné la moitié depuis lors. Après avoir piétiné ces derniers jours autour des 1460 dollars, il a terminé ce vendredi presque au même niveau que sept jours auparavant. "Le prix de l'or a tout de même reçu un coup de pouce avec le léger changement de ton de la Réserve fédérale américaine (FED) et l'attitude très accommodante de Banque centrale européenne (BCE)", a relevé Michael Hewson, analyste du courtier CMC Markets. La FED a indiqué mercredi se tenir prête à renforcer ses mesures de soutien en cas de besoin, maintenant a fortiori le rythme de ses injections massives de liquidités dans l'économie, à même de stimuler l'activité mais aussi de diluer la valeur du dollar, ce qui rend plus attractifs les achats d'or, libellés dans la monnaie américaine. De son côté, la BCE non seulement a abaissé son taux directeur à un plus bas historique, mais elle a aussi évoqué d'éventuelles mesures supplémentaires d'assouplissement monétaire. Or, des taux d'intérêt très bas rendent plus attractifs d'autres actifs, comme l'or, par rapport à des placements financiers devenus moins rémunérateurs. "Malgré les assurances de la FED, l'or est miné par le fait que les opérateurs continuent d'anticiper malgré tout un resserrement de sa politique monétaire" plus tard dans l'année, à mesure que l'économie américaine se reprendra, "et la décision de la BCE n'a pas suffi à rassurer vraiment les opérateurs", a estimé Jonathan Butler, stratégiste marchés de Mitsubishi Corporation. D'ailleurs, l'or a nettement trébuché vendredi après la publication de statistiques très encourageantes sur l'emploi américain. Dans ce contexte, "les investisseurs remettent en question le statut de valeur refuge" des métaux précieux, a ajouté M. Butler. Pour lui, le plongeon de la mi-avril "a montré avec quelle rapidité et quelle ampleur des ventes massives de fonds (d'investissement) pouvaient faire dégringoler l'or, une fois un seuil technique franchi à la baisse". Or, le désintérêt des investisseurs spéculatifs, en grande partie à l'origine de la déconfiture d'il y a trois semaines, se poursuit -- comme en témoigne le recul persistant des volumes d'or dans les ETF (fonds cotés en Bourse et adossés à des stocks de métal précieux). SPDR Gold Trust, le plus gros fonds d'or coté dans le monde, a encore vu le volume de ses participations diminuer de plus de 20 tonnes cette semaine, pour s'établir jeudi à 1069 tonnes --au plus bas depuis l'automne 2009. Depuis mi-février, ce fonds a lâché 256 tonnes d'or (-20%), les investisseurs préférant vendre leur or au profit de marchés boursiers en pleine croissance et jugés plus rémunérateurs. "On pourrait presque dire que les prix de l'or n'ont pas si mal résisté après tout, face à une telle pression à la vente", ont commenté les analystes de Commerzbank, tout en expliquant que "le marché est profondément divisé". En effet, au retrait des investisseurs spéculatifs répond une demande accrue d'or physique (bijoux, lingots et médailles) par des acheteurs asiatiques et américains désireux justement de profiter du récent recul des prix. Les ventes de médailles d'or par la Monnaie américaine a atteint en avril son plus fort volume mensuel depuis décembre 2009, et les achats d'or physique ont bondi cette semaine à Hong Kong, où se pressaient des visiteurs de Chine continentale à l'occasion de trois jours fériés dans le pays. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1.469,25 dollars au fixing du soir contre 1 471,50 dollars la semaine précédent. Argent L'argent est remonté dans le sillage de l'or, terminant la semaine à 24,25 dollars l'once contre 24,02 dollars sept jours auparavant. Platine/palladium Les métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, se sont repris, aidés par les réunions de la FED et de la BCE, mais aussi tirés en fin de semaine par de bons indicateurs sur l'emploi aux Etats-Unis. Les inquiétudes sur l'offre de platinoïdes disponible contribuent également à soutenir le marché. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1 501 dollars contre 1 483 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 694 dollars contre 681 dollars la semaine précédente.