La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu, avant-hier, comme attendu son taux directeur à 0,50% et laissé inchangé à 375 milliards de livres le montant total de son programme de rachats d'actifs, lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire. Comme à son habitude, la Banque centrale britannique n'a pas fait de commentaire immédiat sur sa décision qui, selon les économistes, pourrait avoir été obtenue à une très courte majorité, ce qui les poussera à décortiquer les minutes de cette réunion, dont la publication est prévue le 22 mai. C'est sans surprise que le CPM (Comité de politique monétaire de la BoE) s'en est tenu au statu quo, avant-hier, car la croissance au premier trimestre 2013 a été meilleure qu'attendu et que le deuxième trimestre a démarré sur de bons chiffres d'activité (notamment dans le secteur des services), a commenté Martin Beck, économiste chez Capital Economics. Le montant total (375 milliards de livres sterling, 443 milliards d'euros) du programme de rachats d'actifs (dit d'assouplissement quantitatif) de l'institution avait été relevé en juillet 2012 de 50 milliards de livres, une tranche épuisée début novembre. La BoE avait lancé ce programme, couplé à un abaissement de son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50%, en mars 2009 afin d'aider une économie britannique alors en profonde récession. Le pays est parvenu à échapper, de justesse, à une troisième récession depuis le début de la crise en 2008 grâce à une croissance de 0,3% au premier trimestre, meilleure que prévu, après la contraction de l'économie de 0,3% enregistrée au quatrième trimestre 2012, ce qui a atténué la pression qui pèse sur la BoE pour qu'elle agisse de nouveau afin de stimuler la croissance. Mais malgré la récente amélioration des conditions économiques au Royaume-Uni, l'annonce d'une nouvelle salve d'assouplissement quantitatif n'est qu'une question de temps, a prévenu Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight. En effet, l'économie britannique est loin de se reprendre avec entrain et le statu quo annoncé, avant-hier, pourrait n'avoir été cette fois-ci obtenu que d'une voix, car il est tout à fait possible qu'un quatrième membre, sur les neufs que compte le CPM, ait apporté son vote au camp favorable à une extension des rachats d'actifs, qui comprend depuis février le gouverneur Mervyn King, Paul Fisher et David Miles. Dans l'ensemble, les économistes tablent tout de même sur une poursuite de l'attentisme au moins jusqu'à l'arrivée du Canadien Mark Carney, qui prendra le 1er juillet la tête de l'institution en remplacement de Mervyn King, arrivé au terme de son deuxième mandat. Le rythme de la réduction du déficit n'est "pas irresponsable", selon Cameron Le Premier ministre conservateur britannique, David Cameron, a défendu le plan de rigueur de son gouvernement, à la veille d'une réunion des ministres des Finances du G7 près de Londres, en estimant que le rythme de la réduction du déficit britannique n'était "pas irresponsable". "Nous ne faisons pas cela à un rythme irresponsable, nous le faisons à un rythme mesuré, judicieux. Cela doit absolument être fait et ce sera fait", a martelé M. Cameron à l'ouverture d'une conférence sur l'investissement à Londres. "Nous ne pouvons pas continuer année après année à augmenter notre dette publique et atteindre un niveau dangereux en pourcentage de notre PIB", a-t-il ajouté. M. Cameron et son ministre des Finances, George Osborne, affirment régulièrement qu'il n'y a pas d'alternative à la réduction d'un déficit abyssal hérité en grande partie du sauvetage du secteur bancaire durant la crise de 2008 et refusent de changer de cap malgré les appels de l'opposition travailliste et du Fonds Monétaire International. Le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, a appelé en effet à plusieurs reprises ces derniers mois la Grande-Bretagne à tempérer la rigueur alors que l'économie du pays, qui vient d'éviter de retomber dans sa troisième récession depuis le début de la crise, reste fragile. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, doit prendre la parole dans l'après-midi lors de cette conférence sur l'investissement qui rassemble responsables économiques et politiques. Ces déclarations de M. Cameron interviennent à la veille d'une réunion des ministres des Finances du G7 vendredi et samedi dans les environs de Londres lors de laquelle les plans d'austérité mis en oeuvre en Europe devraient se retrouver sous la pression, en particulier des Etats-Unis. Mercredi, un haut responsable du Trésor américain a indiqué que les Etats-Unis allaient encourager les dirigeants de la zone euro à "changer de cap" sur l'austérité et à "recalibrer" le rythme de la réduction des déficits. "Il est important de recalibrer le rythme de la consolidation budgétaire (dans la zone euro). Une consolidation budgétaire brutale risque d'entraver la demande. Un changement de cap maintenant peut faire une grande différence", a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat.