La Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé cette semaine rester sur sa politique monétaire accommodante, en maintenant notamment le montant de ses rachats d'actifs, et en se disant prête à agir de nouveau pour soutenir une économie au bord d'une nouvelle récession. Lors de sa réunion des 6 et 7 février, le Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale britannique a décidé de maintenir à 375 milliards de livres (461 milliards d'euros) le montant total de son programme de rachats d'actifs - programme dit d'"assouplissement quantitatif". Ce montant avait été relevé en juillet de 50 milliards de livres, une tranche dont l'utilisation avait pris quatre mois. La BoE a tout de même annoncé qu'elle avait décidé de réinvestir des fonds qu'elle va récupérer début mars à l'arrivée à maturité d'obligations d'Etat britanniques acquises par le biais du programme d'assouplissement quantitatif, représentant un montant de 6,6 milliards de livres. "Cette décision fait sens parce que les prévisions de croissance et d'inflation du CPM sont basées sur un programme de 375 milliards de livres, a noté Simon Wells, économiste de HSBC. En effet, le fait de ne pas réinvestir ses fonds risquait, en entamant légèrement ce montant total, d'être équivalent à un resserrement de la politique monétaire de l'institution, alors que l'économie du Royaume-Uni a fait fin 2012 un premier pas vers une troisième récession depuis le début de la crise. Le CPM, qui ne fournit habituellement aucun détail en cas de statu quo monétaire, s'est dit dans un communiqué "prêt à apporter un soutien monétaire accru (à l'économie) si cela se révèle nécessaire" en tenant compte "des perspectives de croissance (économique) et d'inflation". La BoE a aussi dit s'attendre toujours à "une reprise lente mais continue" de l'activité économique, "aidée par un assouplissement accru des conditions de crédit" encouragé par les mesures de soutien mise en oeuvre conjointement par l'institution et le gouvernement britannique. Augmentation de l'inflation à court terme Pour différents économistes, une nouvelle tranche de 50 milliards de livres pourrait ainsi être annoncée avant la fin de l'année, voire avant la fin du premier semestre. La banque centrale britannique a par ailleurs estimé que l'inflation "devrait probablement augmenter à court-terme" et "pourrait se maintenir au-delà du niveau cible des 2% durant les deux prochaines années", avant de retomber ensuite. Mais tant que possible la BoE juge approprié d'ignorer une inflation toujours élevée, car "tenter de faire reculer l'inflation trop tôt en supprimant les mesures de stimulus plus rapidement qu'actuellement anticipé par les marchés financiers risquerait de faire dérailler la reprise économique". L'institution doit publier mercredi prochain la mise à jour trimestrielle de ses prévisions détaillées de croissance et d'inflation au Royaume-Uni. La BoE a pour tâche, et par mandat du gouvernement britannique, de maintenir l'inflation à un niveau cible de 2%. Une tâche difficile sur laquelle le futur gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), le Canadien Mark Carney, ne devrait pas revenir dans l'immédiat. Passé notamment par la banque Goldman Sachs avant de prendre en 2008 la tête de la banque centrale canadienne, M. Carney a estimé jeudi lors d'une audition devant la Commission des finances du Parlement britannique que de cibler l'inflation reste la ligne la plus appropriée pour la politique monétaire du Royaume-Uni. M. Carney avait récemment évoqué les mérites de l'utilisation en politique monétaire d'objectifs de PIB en valeur nominale, c'est-à-dire excluant l'inflation, mais a jeudi tempéré ces propos, ne prévoyant pas de revenir sur le système actuel à son arrivée à la BoE, estimant que "la barre (pour tout changement) est placée très haut". Il s'est tout de même dit en faveur d'un débat sur le sujet. L'OCDE met en garde contre les risques d'une prolongation de la crise L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a mis en garde contre les risques d'une prolongation de la crise pour l'économie britannique qui vient de faire son premier pas vers une nouvelle récession. "Les effets persistants de la crise financière mondiale, l'impact restrictif (sur l'activité) du nécessaire assainissement budgétaire et les vents contraires de la crise de la dette dans la zone euro risquent de prolonger et d'aggraver le repli de l'économie et de nuire au potentiel de croissance à long terme", avertit l'OCDE dans un rapport sur l'économie britannique. "La reprise après la récession devrait continuer à être lente et irrégulière" alors que l'économie du pays fait face à de "forts vents contraires" et à des "incertitudes", poursuit l'OCDE dont le secrétaire général Angel Gurria, doit présenter ce rapport à Londres avec le ministre des Finances britannique George Osborne. Tout en soulignant que la politique budgétaire du gouvernement, marquée par une rigueur drastique, était "appropriée", l'organisation juge que la "flexibilité du cadre budgétaire devrait être utilisée si la croissance est significativement inférieure aux attentes au cours des prochains mois". Fin novembre, l'OCDE avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Grande-Bretagne à 0,9% pour cette année contre 1,9% auparavant. A peine sortie l'été dernier de sa deuxième période de récession depuis le début de la crise, l'économie britannique a fait un premier pas vers la troisième avec une contraction de 0,3% du PIB au quatrième trimestre, selon une première estimation officielle publiée le 25 janvier. Sur l'ensemble de l'année 2012, la croissance britannique est restée au point mort. Face à la morosité de la conjoncture, M. Osborne avait été contraint d'admettre début décembre que sa cure de rigueur peinait à porter ses fruits et qu'elle allait devoir durer un an de plus, jusqu'en 2018. Dans ce contexte, "les réformes structurelles, dont celles mises en œuvre actuellement par le gouvernement, sont cruciales pour accroître la croissance et l'égalité", insiste l'OCDE. L'organisation prône donc une poursuite de la politique monétaire accommodante menée par les autorités britanniques, "principal outil pour stimuler l'économie" et appelle le gouvernement à mettre en œuvre des mesures pro-croissance favorisant l'investissement dans les infrastructures, l'innovation ou "l'économie verte". Alors que la prolongation de la crise risque "d'aggraver les inégalités sociales" et de faire augmenter le chômage, l'OCDE insiste par ailleurs sur la nécessité de prendre des mesures de soutien à l'emploi, notamment des jeunes, et de "protection des plus vulnérables". Hausse de la production industrielle en décembre La production industrielle au Royaume-Uni a progressé plus que prévu par les économistes en décembre, selon des statistiques officielles publiées, un rebond bienvenu à la fin d'un quatrième trimestre durant lequel le pays a fait un premier pas vers une nouvelle récession. La production industrielle a enregistré une progression de 1,1% en décembre par rapport à novembre, a indiqué l'Office des statistiques nationales (ONS), alors que les économistes tablaient sur une hausse de 0,7%, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires. La composante manufacturière a pour sa part progressé de 1,6%. Sur l'ensemble du quatrième trimestre, la production industrielle a en revanche reculé de 1,9%, ce qui est le repli le plus marqué depuis le premier trimestre de 2009. Ce rebond de la production en décembre est à même de rassurer les économistes sur la situation de l'économie britannique. A peine sorti l'été dernier de sa deuxième période de récession depuis le début de la crise, le pays a fait un premier pas vers la troisième avec une contraction de 0,3% du PIB au quatrième trimestre, selon une première estimation officielle publiée le 25 janvier. Les chiffres de la production dévoilés jeudi sont un "développement positif" et renforcent "les chances de la Grande-Bretagne de revenir à la croissance au premier trimestre et d'éviter ainsi une troisième récession même si le secteur industriel fait toujours face à des conditions difficiles", a commenté Howard Archer d'IHS Global Insight. Légère réduction du déficit commercial en décembre, à 8,9 milliards de livres Le déficit commercial du Royaume-Uni a légèrement diminué en décembre à 8,9 milliards de livres (environ 10,3 milliards d'euros) contre 9,3 milliards en novembre, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS). Cette légère réduction du déficit, conforme aux attentes des économistes, s'explique par une progression des exportations de 3% tandis que les importations ont augmenté de 1,1% dans le même temps. Dans le détail, le déficit à l'égard des pays de l'UE est resté inchangé à 4,7 milliards de livres. Les exportations vers les pays de l'UE ont reculé de 4,8% et les importations en provenance de ces pays de 3,5%. Le déficit à l'égard des pays ne faisant pas partie de l'UE a en revanche reculé de 400 millions de livres à 4,2 milliards. Les exportations vers ces pays ont bondi de 11,7% tandis que les importations ont augmenté de 6%. En incluant les services, habituellement excédentaires au Royaume-Uni, le déficit total a aussi diminué à 3,2 milliards de livres en décembre contre un déficit de 3,6 milliard en novembre.