La police tunisienne a dispersé par la force des centaines de salafistes qui tentaient d'installer des tentes à des fins de prosélytisme dans un quartier populaire à la périphérie sud-ouest de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur. " Les unités de sécurité sont intervenues pour disperser par la force entre 200 et 300 personnes qui voulaient installer, sans autorisation préalable, des tentes aux alentours et dans la mosquée à Sidi Hassine Sijoumi, dans le sud-ouest de la capitale ", a déclaré le porte-parole du ministère Mohamed Ali Aroui. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser alors qu'ils jetaient des pierres et des cocktails Molotov, a ajouté M. Aroui, affirmant que le calme avait été rétabli en début de soirée. " Nous avons simplement appliqué la loi et la situation est sous contrôle ", a dit le porte-parole. La presse tunisienne a indiqué, de son côté, que des affrontements violents avaient opposé la police à un millier de salafistes venus installer des tentes géantes dans le quartier. Les heurts ont éclaté après la prière en fin d'après-midi aux alentours de la mosquée Bilal à Sidi Hassine Sijoumi, où les salafistes ont utilisé des cocktails Molotov et des armes blanches. La police a procédé à l'arrestation de trois personnes parmi les salafistes et saisi plusieurs cocktails Molotov à bord d'un véhicule garé dans ce quartier pauvre, situé au bord d'un lac insalubre, a indiqué de son côté la radio Mosaïque FM. Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, un indépendant, a menacé, mercredi, de poursuites toute personne appelant au meurtre, incitant à la haine ou plantant des tentes de prêche, en allusion aux salafistes qui s'installent sous des tentes pour prêcher et distribuer leurs écrits. Les autorités ont récemment durci le ton face aux groupes salafistes, notamment les jihadistes armés, dont plusieurs dizaines sont actuellement pourchassés par l'armée dans l'ouest du pays. Seize militaires et gendarmes ont été blessés dans la traque des deux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et dont certains sont des vétérans de la rébellion islamiste au Mali. Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie est confrontée à l'essor de groupuscules salafistes jihadistes. Le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda est accusé par l'opposition d'avoir fait preuve de laxisme face à cette menace.