La Russie, principal soutien du régime syrien, a affirmé avoir obtenu l'accord de principe de Damas pour une conférence de paix. L'opposition syrienne, réunie à Istanbul, se dit de son côté sceptique. "Nous notons avec satisfaction que nous avons reçu de Damas un accord de principe du gouvernement syrien pour participer à une conférence internationale", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch. Cet accord a été obtenu lors de la visite, mercredi et jeudi, à Moscou du vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad, a-t-il indiqué. M. Moqdad était venu à Moscou pour discuter de l'initiative russo-américaine de cette nouvelle conférence. Conférence pas encore fixée M. Loukachevitch a jugé illusoire d'évoquer la date du 10 juin, avancée dans la presse occidentale, pour cette conférence qui fera suite à celle organisée à Genève en juin 2012. La Russie est perçue comme le pays ayant le plus d'influence sur le régime syrien dont elle est l'allié et le fournisseur d'armes depuis l'époque soviétique. Des sources officielles ont par ailleurs annoncé que le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius vont rencontrer lundi à Paris leur homologue russe Serguei Lavrov. La Coalition nationale de l'opposition syrienne (CNS), réunie à Istanbul pour discuter de sa participation à la conférence, a de son côté affiché son scepticisme. "Nous voulons entendre cette déclaration de la bouche du gouvernement (du président Bachar) al-Assad", a déclaré Louay Safi, le porte-parole de la Coalition, qui constitue le principal groupe de l'opposition syrienne, en réunion depuis jeudi à Istanbul. L'opposition syrienne exige que toute solution politique implique le départ du président Assad et des membres de son régime les plus impliqués dans les violences, qui ont fait plus de 94 000 tués en deux ans. Cette position a eu le soutien des 11 pays "Amis de la Syrie", dont les Etats-Unis, mercredi à Amman. Débat urgent requis Les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar ont demandé vendredi au président du Conseil des droits de l'homme d'organiser un débat urgent sur la Syrie, la semaine prochaine. Le Conseil entame une session régulière lundi à Genève. Rencontre Kerry/Lavrov/Fabius demain soir à Paris Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius vont rencontrer demain à Paris leur homologue russe Serguei Lavrov pour évoquer la future conférence internationale sur la Syrie, ont annoncé des sources officielles. Les trois ministres se rencontreront pour un dîner de travail dans un restaurant parisien afin de faire le point sur l'organisation de la conférence initiée par Washington et Moscou, a indiqué une source diplomatique occidentale. Auparavant, un haut responsable du département d'Etat avait annoncé dans un communiqué une rencontre entre MM. Kerry et Lavrov à Paris pour poursuivre leurs discussions après leurs entretiens il y a quelques semaines en Russie, et pour se tenir informés de leurs efforts en vue de la conférence internationale sur la Syrie, dite Genève 2. Les rebelles pris en étau par l'armée dans le nord de Qousseir Les rebelles de Qousseir, ville stratégique dans le centre de la Syrie, sont pris en étau par l'armée dans le nord de la cité, a affirmé un officier responsable des opérations. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a également rapporté que l'armée, soutenue par le Hezbollah libanais, bombardaient des localités au nord de Qousseir dans le but de cerner les rebelles dans la partie septentrionale de la ville. L'armée et le Hezbollah avaient lancé, dimanche dernier, l'assaut sur cette ville stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime, contrôlant au fur et à mesure le sud, l'est et l'ouest.
Le HCR appelle à garder les frontières ouvertes aux réfugiés Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a demandé que le fardeau des réfugiés syriens ne repose pas uniquement sur les pays voisins de la Syrie. Plus d'1,5 million de réfugiés syriens ont trouvé refuge au Liban, en Turquie, en Jordanie et en Irak. Selon une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Elisabeth Byrs, l'agence de l'ONU prévoit d'aider jusqu'à 3,6 millions de réfugiés syriens d'ici la fin de l'année. "Alors que le conflit s'aggrave en Syrie, le HCR s'attend à ce qu'un nombre de plus en plus grand de civils cherche de l'aide à l'extérieur des frontières", a affirmé la porte-parole du HCR Melissa Fleming. Elle n'a toutefois pas confirmé le chiffre du PAM à ce stade. Un appel révisé sera lancé le 7 juin à Genève pour les six prochains mois. Flux interrompu vers la Jordanie Le HCR s'est déclaré préoccupé par le fait que beaucoup de Syriens qui tentent de fuir sont tenus éloignés des frontières dans des zones très dangereuses. Depuis une semaine, pratiquement aucun Syrien ne s'est présenté à la frontière jordanienne, contre 2 000 en moyenne chaque jour auparavant. "La frontière jordanienne reste ouverte, mais les civils qui fuient sont sans doute retenus par des combats très intenses, on ne peut que spéculer", a dit Mme Fleming. Le HCR a aussi des informations selon lesquelles des Syriens désireux de fuir en sont dissuadés par diverses restrictions. "Nous encourageons tous les pays, pas seulement ceux qui entourent la Syrie, à garder leurs frontières ouvertes et à offrir une protection aux réfugiés syriens", a encore déclaré Mme Fleming. Etats-Unis, Turquie et Qatar demandent un débat en urgence au Conseil des droits de l'homme Les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar ont demandé au président du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU la tenue d'un débat en urgence, la semaine prochaine, sur la détérioration de la situation des droits de l'Homme en Syrie, et sur les récentes tueries à Qousseir. Dans un courrier envoyé au président du Conseil, le Polonais Remigiusz Henczel, les ambassadeurs de ces trois pays auprès des Nations unies à Genève demandent que ce débat urgent ait lieu à la lumière de l'escalade des graves violations des droits de l'Homme et de la détérioration de la situation en Syrie, entraînant un nombre élevé de victimes chaque jour. Alors que démarre demain la 23e session du Conseil des droits de l'Homme, le président du Conseil doit désormais trouver une date pour organiser ce débat, qui devrait avoir lieu mardi ou mercredi, a indiqué un porte-parole de l'organe onusien. Le président libanais appelle le Hezbollah à la prudence Le président libanais Michel Sleimane a appelé le Hezbollah à la prudence concernant son engagement massif dans les combats au côté des forces de Damas, estimant que le puissant parti chiite risquait de s'embourber dans le conflit syrien. Le Hezbollah est plus noble et plus importante que tout, il ne doit pas s'enliser dans les sables de la dissension, que ce soit en Syrie ou au Liban, a estimé M. Sleimane selon un communiqué, en référence à la lutte contre Israël prônée par le puissant parti. Le président a mis le Hezbollah en garde contre cet enlisement dans les combats que ce soit auprès d'un frère ou d'un ami, en référence au régime de Bachar al-Assad. La Syrie, qui a exercé 30 ans de tutelle politico-militaire sur le Liban, est souvent désignée par les dirigeants libanais comme pays frère. Le Hezbollah, bête noire d'Israël et qui dispose d'un puissant arsenal, est en première ligne dans l'offensive lancée dimanche par les forces du régime sur Qousseir, une ville restée longtemps place forte des rebelles près de la frontière libanaise où le mouvement a perdu des dizaines de combattants.