La zone euro est plus stable qu'il y a un an mais les conditions économiques restent difficiles et les gouvernements doivent mettre en oeuvre leurs projets de réforme et d'union bancaire, a déclaré Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. S'exprimant à Londres près d'un an après avoir juré qu'il ferait "tout ce qu'il faudra" pour sauver l'euro, le patron de la BCE a exhorté les pays européens à renforcer leurs liens et à mettre en œuvre les promesses faites en juin dernier d'une plus grande intégration. Cela impliquera de sacrifier une partie de leur souveraineté nationale en matière de budgets et de politiques structurelles. "La réponse à la crise n'a pas été moins d'Europe mais plus d'Europe", a déclaré Mario Draghi lors d'un discours sur le thème de la "Construction de la stabilité et d'une prospérité durable en Europe". "Nous pouvons dire avec certitude que notre Union économique et monétaire est une union plus stable aujourd'hui qu'il y a un an", a-t-il dit. En juillet dernier, à Londres déjà, Mario Draghi avait rassuré les marchés avec sa petite phrase sur l'euro, à laquelle il avait donné suite deux mois plus tard en présentant son programme de rachat d'obligations souveraines - que la BCE n'a pas eu, à ce jour, à activer. L'action déterminée de la banque centrale a donné du temps aux gouvernements pour assainir leurs finances publiques et aux banques pour renforcer leur solidité financière, a-t-il dit. "Nos mesures ont apporté de l'oxygène aux marchés en proie à la panique", a-t-il poursuivi. "Aujourd'hui, nous observons certains signes encourageants d'amélioration tangible des conditions financières." Il a fait état d'une légère amélioration des conditions de crédit mais a ajouté : "Les conditions économiques dans la zone euro restent difficiles." Pas d'allusionà de nouvelles mesures Le président de la BCE n'a fait aucune allusion à de nouvelles mesures monétaires mais a appelé les gouvernements à jouer leur rôle en "améliorant le fonctionnement structurel de leurs économies respectives" et en mettant en œuvre l'union bancaire. La première étape de l'union bancaire, la création d'un superviseur unique sous l'égide de la BCE, doit être réalisée à la mi-2014, mais les volets suivants - des mécanismes de résolution et de garantie des dépôts - suscitent des divergences entre Etats membres. Mario Draghi a jugé "impératif" de créer un Mécanisme unique de résolution. "Si nous réussissons à établir une union bancaire efficace - et je suis convaincu que nous y parviendrons- les bénéfices seront importants, non seulement pour les pays de la zone euro mais pour tous les membres de l'Union européenne", a-t-il déclaré à l'intention de son auditoire britannique. Commentant, une fois n'est pas coutume, la situation d'un pays hors de la zone euro, Mario Draghi a exhorté le Royaume-Uni à renforcer ses relations avec l'Union européenne. "L'Europe a besoin d'un Royaume-Uni plus européen autant que le Royaume-Uni a besoin d'une Europe plus britannique", a-t-il dit. Le Premier ministre David Cameron s'est engagé à organiser un référendum sur le maintien du pays dans l'UE d'ici la fin 2017 à condition de remporter les prochaines élections législatives en 2015. Weidmann souhaite qu'un pays de la zone euro puisse faire défaut à l'avenir Le président de la Bundesbank (Buba), Jens Weidmann, a plaidé pour qu'un pays de la zone euro puisse à l'avenir faire défaut, une option que les Européens ont à tout prix cherché à empêcher pendant la crise. “Avec la crise, nous avons fait très attention à éviter les risques de défaut, par crainte d'un effet de contagion”, a expliqué M. Weidmann, réputé pour sa défense stricte de l'orthodoxie monétaire et budgétaire, lors d'une conférence organisée par la Banque de France et la banque centrale d'Allemagne. Il a, en revanche, laissé ouverte une telle possibilité à l'avenir. “A long terme, nous devons faire en sorte qu'un Etat puisse, en dernier ressort, faire faillite, a relevé le patron de la Buba, ajoutant que cette possibilité était un élément clé pour permettre de discipliner les marchés. C'est pour cela que nous travaillons au fait de découpler les Etats et les systèmes bancaires”, a-t-il par exemple fait valoir. Pour ce faire, la zone euro travaille actuellement à la mise en place d'une union bancaire, qui se traduira notamment par la mise en place d'un superviseur unique des banques à partir de 2014. Sa création répond notamment à l'observation faite durant la crise que les conditions de refinancement des banques ont souvent été liées au risque souverain du pays où elles se situent, rendant la liquidité très chère pour celles des pays les plus en difficulté.