Les électeurs de Guinée équatoriale votaient, hier, pour leurs parlementaires et élus locaux, lors d'un scrutin déjà acquis au pouvoir, dans ce pays d'Afrique centrale dirigé depuis 33 ans par Teodoro Obiang. Faisant suite à la réforme constitutionnelle de novembre 2011, ces élections sont censées permettre à quelque 300 000 inscrits de renouveler l'Assemblée nationale - où ne siège actuellement qu'un seul représentant de l'opposition - et de mettre en place le Sénat voulu par la nouvelle Constitution. Actuellement, 99 des 100 sièges de députés sont occupés par des membres du Parti Démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), formation fondée et présidée par Teodoro Obiang. Le scrutin risque de se dérouler dans un climat tendu avec l'opposition, alors qu'une manifestation contre le régime a été empêchée le 15 mai, et que plusieurs opposants arrêtés ces dernières semaines restent emprisonnés. Appelant la France et les Etats-Unis à les aider à en finir avec le régime, les 200 personnes qui s'étaient rassemblées place de la Femme à Malabo s'étaient rapidement dispersées en raison d'une forte présence policière, qui bloquait les rues et les carrefours adjacents. Nous sommes un pays de paix et nous ne voulons pas d'ingérence dans nos affaires, avait averti le président Obiang, la veille, dans une intervention à la télévision nationale. Les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France doivent s'abstenir de se mêler des affaires de ce pays, nous sommes un pays indépendant et nous pouvons révoquer n'importe quel type de coopération, nous ne recevons de leçon de personne, avait-il insisté. Plusieurs jours avant la manifestation, le réseau social Facebook ainsi que les sites de plusieurs partis d'opposition avaient été bloqués, ce qui avait incité l'organisation Reporters sans frontière (RSF) à dénoncer un acte de censure sur ordre présidentiel. Le gouvernement équato-guinéen avait démenti son implication, évoquant dans un communiqué un virus informatique venant de l'extérieur. La réforme constitutionnelle de 2011, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, prévoit aussi la création d'un poste de vice-président et de cinq nouveaux organes: Sénat, Cour des Comptes, Conseil d'Etat, Conseil pour le développement économique et social et Défenseur du peuple. L'opposition avait qualifié ce scrutin, approuvé par 97% des électeurs selon les chiffres officiels, de mascarade destinée à assurer la dictature d'Obiang et sa famille de pouvoir imposer une succession familiale, selon Placido Mico, l'unique député d'opposition à l'Assemblée. Six mois après le scrutin, le président Teodoro Obiang Nguema avait nommé son fils Teodorin Obiang deuxième vice-président chargé de la Défense et de Sécurité publique, bien que ce poste ne soit pas prévu par la nouvelle Constitution. Le président Obiang, arrivé au pouvoir en 1979 par un coup d'Etat, puis élu à quatre reprises, tente depuis quelques années de modifier l'image de son petit pays pétrolier de 700 000 habitants, souvent qualifié de dictature par les défenseurs des droits de l'Homme.