L'évolution de la situation en Syrie alarmait, hier, la communauté internationale. La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay s'est déclarée horrifiée par l'escalade des violences. Ban Ki-moon est lui "profondément inquiet" face au rôle du Hezbollah libanais. Des journalistes du journal "Le Monde" rapportent de leur côté l'usage d'armes chimiques par les forces de Bachar al Assad. Des observations corroborées par des médecins locaux. Suivant les rebelles syriens pendant plusieurs semaines, un reporter et un photographe du quotidien français affirment avoir constaté par eux-mêmes les effets de l'usage de gaz toxiques par les forces gouvernementales dans le faubourg de Jobar, non loin du centre de la capitale syrienne. Ils disent avoir aussi recueilli les témoignages de médecins dans la Ghouta, une zone tenue par les rebelles dans la périphérie Est de Damas, faisant état d'un usage régulier d'armes chimiques par les forces de Bachar al Assad. Ces médecins soupçonnent notamment l'utilisation de gaz sarin. Témoins "Au cours d'un reportage de deux mois dans les environs de la capitale syrienne, nous avons réuni des éléments comparables dans une couronne beaucoup plus large. La gravité des cas, leur multiplication, la tactique d'emploi de telles armes montrent qu'il ne s'agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d'une autre classe, bien plus toxiques", raconte le quotidien. Les Nations Unies ont déclaré mercredi recevoir davantage d'informations sur l'usage d'armes chimiques en Syrie. L'ONU a formé une commission d'experts pour enquêter sur le sujet, mais celle-ci attend toujours d'être autorisée à se rendre sur place. Catastrophe humanitaire "Une catastrophe humanitaire, politique et sociale a déjà lieu, et ce qui se profile est vraiment un cauchemar", a affirmé la Haut-Commissaire, en lançant un appel aux Etats à faire tous les efforts possibles pour mettre un terme à ce désastre. Elle a demandé une nouvelle fois la saisie de la Cour pénale internationale (CPI). M. Ban est "extrêmement préoccupé" par le conflit qui s'intensifie. Le secrétaire général de l'ONU appelle de son côté tous les pays et groupes à "cesser de soutenir la violence en Syrie", indique son porte-parole. Le régime syrien et les rebelles s'accusent réciproquement d'utiliser de telles armes. Barack Obama a fait de l'usage d'armes chimiques une "ligne rouge" à ne pas franchir par le régime syrien, sous peine d'une réaction des Etats-Unis. Le chef de la diplomatie britannique a lui rappelé l'importance d'une position commune sur l'avenir de la Syrie. Sinon, chaque Etat membre de l'UE pourra appliquer sa propre politique en ce qui concerne l'embargo sur les armes, a déclaré hier William Hague. Une journaliste de la télévision syrienne tuée près de Qousseir Une journaliste de la chaîne syrienne d'information en continu Al-Ikhbariya a été tuée près de Qousseir, ville de l'ouest de la Syrie théâtre de violents combats, a annoncé, hier, la chaîne pour laquelle elle travaillait. Le ministère de l'Information (..) annonce le décès de notre consoeur Yara Abbas, tuée par des terroristes près de l'aéroport de Dabaa, au nord de la ville de Qousseir, a précisé la chaîne. Dans la phraséologie du régime le mot terroriste désigne les rebelles. L'Obervatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué pour sa part que la correspondante d'Al-Ikhbariya, âgée de 26 ans et originaire de Homs, a été tuée par un tireur embusqué près de l'aéroport de Dabaa, ajoutant que des membres de l'équipe de la télévision ont été blessés, sans fournir de détails. Avant ce décès, Reporters sans frontières avait recensé 23 journalistes tués depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011 et au moins 58 citoyens-journalistes. Au moins 79 membres du Hezbollah libanais, qui combattent aux côtés de l'armée syrienne, ont été tués en une semaine dans l'assaut de Qousseir, ville stratégique dont une partie est encore aux mains des rebelles, a affirmé, hier, l'OSDH.