Le Premier ministre britannique David Cameron a fait état, hier, de preuves croissantes de l'usage d'armes chimiques par le régime syrien, une escalade extrêmement grave de nature à encourager la communauté internationale à faire davantage. Il s'agit de preuves limitées, mais nous avons eu, nous aussi, des preuves croissantes de l'utilisation d'armes chimiques, probablement par le régime syrien de Bachar al-Assad. C'est extrêmement grave, c'est un crime de guerre et nous devons le prendre très au sérieux, a déclaré sur la BBC David Cameron. Je pense que ce que le président américain Barack Obama a dit est tout à fait juste, cela doit constituer une ligne rouge qui doit nous inciter à faire davantage si elle est franchie, a ajouté le chef du gouvernement britannique, qui s'est dit toutefois opposé à l'envoi de troupes sur le terrain. Je ne le veux pas et je ne pense pas que cela ait des chances de se produire. Mais je pense que nous pouvons augmenter la pression sur le régime, travaillé avec nos partenaires, travailler avec l'opposition afin de trouver la bonne solution, a-t-il dit. J'ai toujours été désireux d'en faire plus, a-t-il poursuivi. La question est comment augmenter la pression. Selon moi ce qu'il faut faire, et nous le faisons déjà en partie, c'est former cette opposition, travailler avec ses membres, les entraîner, les conseiller, les aider afin de faire pression sur le régime, pour y mettre un terme, a ajouté David Cameron. Les Etats-Unis ont reconnu pour la première fois la veille que le régime syrien avait probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants pour avoir la certitude que Damas avait franchi la ligne rouge tracée par Washington. Le ministère britannique des Affaires étrangères avait aussi indiqué avoir des informations limitées mais convaincantes de plusieurs sources montrant l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, y compris du gaz sarin. Des élus américains affirment que la ligne rouge a été franchie Plusieurs élus américains du Congrès ont affirmé qu'une ligne rouge avait été franchie en Syrie après l'annonce que le gouvernement américain estimait que le régime syrien avait utilisé des armes chimiques. Le président des Etats-Unis a dit que si Bachar al-Assad, utilisait des armes chimiques, cela changerait tout, que cela franchirait une ligne rouge, a déclaré à des journalistes le républicain John McCain. Je pense qu'il est évident qu'une ligne rouge a été franchie. Ces stocks d'armes chimiques, dont certains se trouvent dans des zones de combat, doivent être sécurisées, et nous devons donner à l'opposition la capacité de battre Bachar al-Assad une bonne fois pour toute, a-t-il ajouté en précisant que cela ne devait pas impliquer l'envoi de soldats américains sur le terrain. Je suis très inquiète qu'avec cette admission publique, le président Assad ne calcule qu'il n'a plus rien à perdre et que le conflit s'intensifie, a déclaré la présidente démocrate de la commission du Renseignement du Sénat, Dianne Feinstein. Il est clair que des " lignes rouges " ont été franchies et que des actions doivent être engagées pour empêcher une utilisation à plus grande échelle, a-t-elle ajouté en appelant le Conseil de sécurité de l'ONU y compris la Russie à agir. Je remets en question l'utilité des lignes rouges si elles ne s'accompagnent pas de délimitations claires et de conséquences significatives, a souligné pour sa part Howard McKeon, président républicain de la commission de la Défense de la Chambre des représentants. Je suis certain que le président ne souhaite pas que la résolution de l'Amérique soit remise en question. La Maison Blanche estime probable l'utilisation à petite échelle d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad, tout en soulignant qu'elle cherchait encore à le corroborer avec des preuves matérielles. Raids aériens près de Damas L'aviation syrienne a mené la veille des raids contre des enclaves rebelles et au moins dix personnes ont été tuées dans la ville de Qousseir, près de la frontière libanaise, encerclée par les forces du régime, a affirmé une ONG. L'armée de l'air a également frappé des villages dans les provinces d'Idleb (nord-ouest), de Hassaké (nord-est) et de Deraa (sud), ainsi que la ville rebelle de Raqa (nord), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le nombre de morts dans le bombardement en cours à Qousseir a atteint les dix, a indiqué l'organisation qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays. Qousseir est le principal objectif de l'armée, appuyée par le Hezbollah chiite libanais et les miliciens pro-régime, afin d'ouvrir la route entre Homs et le littoral. Dans la matinée, des hélicoptères ont visé plusieurs objectifs dans la Ghouta orientale, vaste région agricole bordant Damas à l'est devenue une place-forte de la rébellion. La veille, l'armée s'était emparée de la localité stratégique d'Otaybé, qui représente selon l'OSDH une porte d'entrée pour l'armée dans la Ghouta. Dans la ville de Hama, au centre du pays, les combats faisaient rage après que les insurgés eurent pris une position de l'armée. L'OSDH a également fait état de combats à Barzé, un quartier du nord de Damas, que les rebelles ont infiltré par l'est. Selon un bilan provisoire, jeudi 49 personnes sont mortes dans les violences, selon l'OSDH. Mercredi, au moins 138 personnes sont mortes à travers la Syrie, dont 44 civils, 59 rebelles et 35 soldats.