L'Algérie va réaliser une croissance économique de 2, 8 % en 2013, avant de grimper à 3, 2 % en 2014 et 3, 5 % en 2015, selon les prévisions du dernier rapport de la Banque mondiale (BM) publié mercredi à Washington. Avec ces nouveaux pronostics réactualisés sur les perspectives économiques mondiales, la BM a révisé en baisse la croissance du produit intérieur brut (PIB) algérien par rapport à ses prévisions faites en janvier dernier dans lesquelles elle tablait sur une croissance de 3,4% en 2013, de 3,8% en 2014 et de 4,3% en 2015. Mais elle constate aussi le ralentissement de l'économie mondiale qui s'est particulièrement prolongé. Ces prévisions de la B M sont néanmoins inférieures à celles du FMI qui tablait sur une croissance du PIB algérien de 3,3% en 2013 et de 3,4% en 2014. La BM explique cette révision en baisse du PIB du pays par les effets de la crise dans la zone euro dont les pays membres constituent, pour la plupart, les principaux partenaires commerciaux de l'Algérie. Il s'agit donc d'une baisse provoquée de l'extérieur. Il n'en demeure pas moins que la BM a révisé en hausse la balance des comptes courants du pays en la situant à 5,4% du PIB en 2013, contre une prévision de 4,7% faite en janvier dernier, et à 4,5% en 2014, contre 4,1% et à 3,5% en 2015, contre 3,8%. Sur le plan mondial, la BM a également revu en baisse ses prévisions de croissance en tablant sur un PIB mondial de 2,2% en 2013, alors qu'elle prévoyait, en janvier dernier, une croissance mondiale de 2,4%. Pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), cette institution financière internationale souligne que plus de deux ans après le début des bouleversements politiques qui ont touché plusieurs pays de cette zone, les fortes tensions politiques et les troubles civils qui persistent , continuent à " brider l'activité économique " dans la région. La BM avance que les perspectives dans cette région MENA dépendent, dans une très large mesure, de l'évolution des tensions politiques internes, lesquelles restent encore, selon ses analyses, vives du fait de l'approche des élections et des référendums dans la plupart des pays, tandis que les risques sécuritaires font obstacle aux investissements. La croissance globale de la région devrait ralentir, poursuit le rapport, à 2,5% en 2013 contre 3,5 % en 2012, en raison de faibles performances de ses trois principales économies ; l'Iran est en récession depuis deux ans, l'Egypte affiche une croissance très modeste tandis que l'Algérie connaît une légère reprise, précise ce document. Ce qui classe l'économie algérienne en meilleure position dans cette région MENA. Mais la croissance devrait reprendre pour atteindre, note l'institution de Bretton Wods, 3,8% en 2015, sous réserve que les tensions s'atténuent, que les réformes se poursuivent et que la zone euro, principal partenaire commercial de la région, se redresse dans les mois qui viennent. Les pays pétroliers doivent investir dans les infrastructures et l'exploration L'autre facteur négatif évoqué par la BM est que l'accroissement des dépenses publiques pour financer les subventions aux produits alimentaires et aux carburants, qui sont difficiles à réformer, pourrait créer de ''graves déséquilibres budgétaires''. Par ailleurs, elle signale qu'une persistance de la faiblesse économique dans la zone euro serait préjudiciable pour les pays de la région MENA avec lesquels elle a d'étroits liens commerciaux, financiers et en matière d'investissement. En somme, cette institution financière fait valoir que les perspectives à moyen terme de la région sont tributaires non seulement de l'élimination des tensions politiques et des risques sécuritaires mais aussi de la mise en œuvre de réformes visant à placer les économies de la région sur des bases plus solides et à promouvoir les investissements, l'emploi et la croissance. Pour les pays exportateurs de pétrole de la région, la BM prévient que leurs économies sont, en outre, ''particulièrement vulnérables'' à une éventuelle forte baisse des prix du pétrole. Outre les effets de la crise dans la zone euro sur les cours pétroliers, elle soutient qu'avec les nouvelles offres en pétrole provenant de l'Amérique du Nord ainsi que des nouveaux producteurs de l'Afrique subsaharienne, ''les prix pourraient baisser beaucoup plus rapidement'' et que dans un tel cas, les recettes budgétaires et les soldes des comptes courants des pays pétroliers de la région MENA ''seront mis sous pression''. En conséquence, poursuit-elle, les pays pétroliers dont les soldes budgétaires sont déjà sous pression pourraient être forcés à opérer des ''ajustements pointus'' dans la demande et dans la politique de taux de change. Dans le contexte actuel, les exportateurs de pétrole de la région ne seront plus en mesure de compter sur des prix de brut élevés, mais auront de plus en plus besoin de s'appuyer sur une augmentation de la production des hydrocarbures, selon l'institution de Bretton Woods. Cette situation nécessitera, note la BM, des réformes qui leur permettraient d'investir massivement dans les infrastructures et l'exploration " pour augmenter les niveaux de production de brut actuels qui ont stagné ou ont été en baisse constante ces dernières années.