Les Bourses européennes étaient orientées en nette hausse, hier à la mi-séance, soutenues entre autres par des rumeurs de fusions dans le secteur des télécoms, et Wall Street est attendue dans le vert, même si les investisseurs restent prudents avant la réunion de la Réserve fédérale américaine. À Paris, l'indice CAC 40 gagne 1,77% à 3 873,02 points, reprenant la totalité de ses pertes de la semaine dernière. À Francfort, le Dax prend 1,4% et à Londres, le FTSE 0,9%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 s'adjuge 1,63%. Les intervenants espèrent que les responsables de la Réserve fédérale américaine leur donneront mercredi, à l'issue de la réunion de deux jours de son comité de politique monétaire (FOMC), des indications sur le calendrier et les modalités du retrait progressif de son programme d'assouplissement monétaire quantitatif. Le "rally" boursier s'essouffle depuis que le président de la Fed Ben Bernanke a annoncé fin mai que la banque centrale pourrait bientôt commencer à réduire ses programmes de soutien à la croissance si la conjoncture économique s'améliore aux Etats-Unis. Certains envisagent toutefois une reprise du "rally" à court terme si Ben Bernanke apaise les craintes d'un ralentissement prématuré de ses injections de liquidités dans l'économie et les marchés. "Mais, souligne Christian Stocker, stratège chez UniCredit, ces inquiétudes vont resurgir bientôt sachant que les mesures d'assouplissement monétaire pourraient être allégées au second semestre", dit-il. "Il y a un risque que le marché baisse de 3% à 5% au cours de l'été." En Europe, le secteur des opérateurs télécoms est largement en tête des hausses, avec un gain de 2,36%, soutenu notamment par l'espagnol Telefonica et le français Orange. Orange gagne 4,4%, signant la plus forte progression du CAC 40, après le soutien annoncé par François Hollande au maintien en poste du P-DG de l'opérateur téléphonique, Stéphane Richard, malgré sa mise en examen dans le cadre de l'affaire Tapie. Telefonica progresse de 3,1%. Le groupe a démenti avoir reçu une manifestation d'intérêt d'AT&T, réfutant ainsi les informations d'un journal espagnol selon lesquelles le gouvernement a mis son veto à une offre de 70 milliards d'euros de l'américain. A la baisse, les services pétroliers sont plombées par le deuxième avertissement en moins de six mois de l'italien Saipem, numéro un du secteur en Europe. Saipem chute de 26% et Eni, qui en détient 43%, perd 1,3%, seule baisse de l'EuroStoxx 50. A Paris, Technip cède 1,6% bien qu'il ait réaffirmé ses propres objectifs 2013. Le yen se stabilise face au dollar et à l'euro près de ses plus hauts de deux mois en attendant des indications sur la stratégie à venir de la Fed. Sur le marché obligataire, les futures sur Bund allemand perdent du terrain avec le rebond des bourses mais les pertes devraient être limitées en attendant les conclusions du FOMC. Le Brent progresse légèrement, de 0,33% à 106,28 dollars le baril, pris en tenaille entre d'un côté la pression à la baisse exercée par les inquiétudes concernant la demande mondiale et l'abondance des stocks de pétrole aux Etats-Unis et de l'autre la pression à la hausse liée aux craintes de perturbation dans l'approvisionnement de pétrole avec la crise au Moyen-Orient. Tokyo termine en hausse de 2,73% La Bourse de Tokyo a terminé en hausse de 2,73% la journée d'hier, qu'elle avait pourtant entamée sur une nette baisse, les investisseurs ayant trouvé des motifs d'achat dans la bonne tendance observée sur d'autres places asiatiques. A la fermeture, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a augmenté de 346,60 points à 13.033,12 points, et ce même si les taux de change dollar/yen et euro/yen ne sont pas de nature à totalement satisfaire les actionnaires. L'indice élargi Topix a pour sa part fini sur un gain de 2,68% (+28,27 points) à 1.084,72 points. Le volume des transactions a été relativement moins important que les autres jours, avec 2,5 milliards de titres échangés sur le premier marché. Un certain attentisme prévaut avant une réunion mardi et mercredi du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont on se demande combien de temps encore elle va maintenir le même niveau de rachats d'actifs dans le but de soutenir la reprise économique. Les donneurs d'ordres ont en revanche apparemment digéré la baisse de Wall Street vendredi, un recul en partie mécanique et en partie dû à des indicateurs économiques un peu moins bons qu'espéré, selon des courtiers. Le dollar évoluait lundi à l'heure de la clôture (06H00 GMT) sous la barre des 95 yens, mais à un niveau supérieur à celui constaté à l'ouverture, et l'euro est nettement repassé au-dessus de 126 yens, une orientation a priori favorable pour les firmes nippones qui vendent à l'étranger. Les taux de changes avaient toutefois été encore meilleurs pour ces dernières en début de semaine passée. Hormis quelques titres isolés, toutes les principales valeurs cotées à Tokyo affichaient un signe positif à la fin de cette première journée de la semaine, à commencer par les poids lourds de la cote. Le titre du constructeur d'automobiles Toyota a gagné 1,97% à 5 700 yens, ses concurrents Nissan et Honda ayant respectivement augmenté de 1,22% à 998 yens et de 1,45% à 3 495 yens. Dans l'univers de l'électronique, le fleuron Sony a repris 1,40% à 1 950 yens, Sharp 1,68% à 424 yens et le spécialiste de la bureautique et des appareils photo Canon 1,12% à 3 160 yens. A souligner le gain de 4,04% à 747 yens de Panasonic qui a bénéficié d'un article à la une du quotidien Nikkei dimanche indiquant que ce groupe d'électronique et électroménager allait utiliser des imprimantes tridimensionnelles pour produire en série des pièces en résine destinées à des appareils électroménagers. Il serait alors le premier à opérer ce changement majeur pour en tirer un avantage compétitif. L'action du conglomérat japonais Kawasaki Heavy Industries, connu du grand public pour ses motos, a de son côté continué de progresser (+1,88% à 325 yens), après le limogeage jeudi dernier du patron et de deux autres dirigeants, sanction accompagnée du renoncement à une fusion de ses activités de chantiers navals avec celles de son compatriote Mitsui Engineering & Shipbuilding. Le marché semble considérer que ce projet de rapprochement constituait surtout une solution de sauvetage du second.
Wall Street espère que la Fed fera refluer la volatilité Vivement secouée ces derniers jours, la Bourse de New York peut espérer que la Fed lui mettra du baume au cœur demain. Le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine n'ira sans doute pas jusqu'à annoncer à quelle date la Fed commencera à réduire ses achats de titres sur les marchés, mais il pourrait s'employer à tempérer la volatilité actuelle par le simple fait d'évoquer la question. La hausse de Wall Street s'est interrompue et les rendements des obligations d'Etat américaines ont atteint leurs plus hauts niveaux en 14 mois depuis les déclarations, le 22 mai, du président de la Fed, Ben Bernanke, sur le fait que la banque centrale pourrait décider au cours d'une de ses "prochaines" réunions de commencer à réduire ses achats si la situation économique s'améliore. La difficulté à interpréter ces propos et les indicateurs conjoncturels parfois mitigés publiés depuis lors ont eu pour effet une nette augmentation de la volatilité: sur 17 séances depuis l'intervention de Ben Bernanke, la fourchette de variation moyenne de l'indice Dow Jones a atteint 191,5 points. "Ce qu'a fait (Ben Bernanke), c'est créer ce que j'appellerais une tempête d'été en avance; pas une énorme tempête mais suffisante pour que les gens deviennent un peu nerveux", explique Fred Dickson, responsable de la stratégie de marché de D.A. Davidson & Co. Wall Street a baissé au cours de trois des quatre dernières semaines. Les cinq dernières séances se soldent par un repli de 1,17% du Dow, de 1,01% du Standard & Poor's 500 et de 1,32% du Nasdaq. La semaine à venir pourrait apporter un peu de clarté, estime Fred Dickson, même s'il est certain que la Fed ne fournira pas aux investisseurs toutes les précisions qu'ils espèrent. Estimations de bénéfices en baisse Les marchés ont intégré dans les cours un changement radical et semblent convaincus que les taux d'intérêt vont bientôt remonter, dit Stephen Massocca, directeur exécutif de Wedbush Equity Management. "Je crois que la Fed ne souhaite pas que les marchés restent sur cette impression", ajoute-t-il. La banque centrale pourrait donc souligner que l'évolution de sa politique monétaire sera graduelle, poursuit-il. Pendant que les spéculations sur la Fed accaparaient l'attention des investisseurs ces dernières semaines, les estimations de bénéfices des sociétés cotées ont été revues à la baisse: leur croissance ne devrait être que de 3,2% au deuxième trimestre, alors qu'elle était attendue à 6,1% début avril, selon les données Thomson Reuters. Certains investisseurs craignent ainsi que les seules craintes touchant à la Fed ne suffisent pas à elles-seules à expliquer la baisse récente de Wall Street. Le S&P 500, principale référence des gérants, a perdu 2,1% depuis le 21 mai ramenant à 15% sa progression depuis le début de l'année. Le 7 juin, le Dow Jones a gagné plus de 200 points et signé sa meilleure performance depuis le 2 janvier après l'annonce des chiffres mensuels de l'emploi, considérés comme un signal positif pour l'économie mais pas assez pour que la Fed renonce à sa politique de soutien à l'activité. "Comme on observe des signes mitigés en termes de croissance économique partout dans le monde, une réduction progressive (des achats de la Fed) peut avoir des effets importants", estime Bucky Hellwig, vice-président senior de BB&T Wealth Management. "Si la réduction intervenait trop tôt, je crois qu'elle accroîtrait les risques pour les actifs financiers, à la fois les actions et les obligations."