Les principales Bourses européennes ont ouvert en hausse hier, après avoir achevé la semaine dernière sur leur première baisse hebdomadaire depuis avril, mais ce rebond n'a qu'une ampleur limitée, en raison du faible volume des échanges. La journée s'annonce en effet peu animée. La Bourse de Londres est fermée, comme le sera celle de Wall Street aux Etats-Unis, ce lundi étant férié aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Aucun indicateur n'est attendu et la saison des résultats touche à sa fin. À Paris, le CAC 40 gagne 0,83% (+32,73 points) à 3 989,52 points dans les premiers échanges. À Francfort, le Dax prend 0,52% et l'indice paneuropéen EuroStoxx 50 progress de 0,70% à 2 783,61 points. "Si on s'intéresse à ce qui va se passer sur l'ensemble de la semaine, la tendance est plutôt à la baisse", tempère Dag Muller, analyste pour le cabinet suédois SEB. "Je m'attend à ce que nous descendions sous le niveau actuel au cours de la semaine, peut-être même jusqu'à 2 700-2.690." Du côté des valeurs, l'action Club Méditerranée bondit de 22,45% à 16,96 euros à Paris. Le fonds Axa Private Equity et le conglomérat financier chinois Fosun ont annoncé leur intention de déposer une offre amicale de rachat du Club Med au prix de 17 euros par action. La Bourse de Tokyo a fini en baisse de 3,22%, poursuivant sa chute de la semaine précédente, tirée vers le bas par des valeurs exportatrices comme Sony (-6,28%) ou Toyota (-4,98%) qui souffrent du renforcement du yen face au dollar. La monnaie américaine continue à perdre du terrain face à son homologue japonaise et est momentanément passée sous les 101 yens pour un dollar. La chute des indices de Tokyo pousse les investisseurs à privilégier les obligations japonaises et à réduire leur exposition au dollar, qui reste par ailleurs stable face à l'euro. La journée s'annonce également sans grande tendance sur le marché obligataire, les futures sur le Bund allemand étant presque inchangées. Le cours du baril de Brent est en baisse, autour de 102,4 dollars, en raison des préoccupations persistantes qui pèsent sur la demande mondiale de pétrole, à cause du niveau élevés des réserves et de la publication la semaine dernière d'un indice décevant sur l'économie chinoise. Tokyo chute de 3,22% en clôture, marché encore instable La Bourse de Tokyo a fini hier en forte baisse de 3,22%, dans un marché marqué par le plongeon de jeudi qui a réveillé les craintes d'une brutale correction après des mois d'envolée. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a chuté de 469,80 points à 14 142,65 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu de son côté 3,35%, abandonnant 40,01 points à 1 154,07 points. L'activité a été très intense, avec 3,98 milliards d'actions échangées sur le premier marché. "Des mouvements de prises de bénéfices se poursuivent", a expliqué Masahiro Yamaguchi, courtier chez Mizuho Securities. "Il s'agit en partie d'une réaction aux gains de ces dernières semaines sur le marché de Tokyo". Depuis la mi-novembre, l'indice Nikkei s'est envolé de quelque 70%, dopé par la perspective d'une politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ), qui a finalement été mise en place depuis le début avril. L'attente d'une politique beaucoup plus souple de la part de la BoJ a aussi entraîné une dépréciation de 25% du yen en six mois face au dollar et à l'euro, ce qui a constitué une excellente nouvelle pour les exportateurs japonais. Mais le yen a légèrement rebondi depuis le milieu de la semaine dernière, moment où il avait touché son plus faible niveau face à l'euro depuis plus de trois ans et vis-à-vis du dollar depuis quatre ans et demi. Cette relative remontée, poursuivie lundi, a incité des opérateurs à se défaire préventivement de titres dont la valeur avait fortement augmenté ces dernières semaines, notamment du côté des entreprises exportatrices. Des investisseurs ont continué en outre de témoigner leur inquiétude vis-à-vis du marché obligataire: le programme de la BoJ d'acheter sur le marché secondaire l'équivalent de 70% des obligations émises chaque mois par l'Etat a soulevé un certain nombre d'incertitudes. Le taux de l'obligation d'Etat de référence, à maturité dix ans, a néanmoins diminué de 0,015 point lundi à 0,830%, témoignant d'une demande relativement soutenue. Jeudi, ce taux avait brièvement dépassé le seuil symbolique de 1% pour la première fois depuis plus d'un an. Le même jour, la Bourse de Tokyo avait plongé de 7,32% lors d'une séance frénétique marquée par le volume d'échange le plus élevé depuis la création de cette place financière en 1949. Elle était restée extrêmement volatile vendredi mais avait terminé en hausse de 0,89% après avoir brutalement oscillé pendant la journée. "La tendance à la baisse du marché pourrait continuer, car la BoJ ne semble pas reconnaître qu'il faudrait qu'elle intervienne" pour empêcher les taux d'intérêt à long terme de monter, a souligné Hiroyuki Fukunaga, d'Investrust, cité par Dow Jones Newswires. Sur le plan des valeurs, le secteur automobile a été l'un des plus touchés par la nervosité ambiante et le léger rebond du yen: Nissan a dévissé de 6,84% à 1.076 yens, Honda de 4,31% à 3 885 yens et Toyota de 4,98% à 5 920 yens. Les fabricants d'électronique, dont les titres ont fortement augmenté ces derniers mois, ont aussi fait les frais de cette passe difficile: Sony a chuté de 6,28% à 2.013 yens, Panasonic de 7,05% à 831 yens et Sharp de 5,31% à 535 yens. L'industrie lourde a aussi souffert: Hitachi a diminué de 5,69% à 679 yens, Fuji Heavy Industries de 7,57% à 2 369 yens et Toshiba de 4,55% à 482 yens. Les valeurs bancaires dopées ces dernières semaines par la politique accommodante de la BoJ ont également fait pâle figure: Mitsubishi UFJ Financial Group a baissé de 4,34% à 595 yens, Mizuho Financial Group de 2,91% à 200 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group de 3,56% à 4.060 yens.
Wall Street espère éviter la correction La Bourse de New York, en retrait pour la première fois cette semaine depuis avril, aborde sur la pointe des pieds les prochaines séances, espérant que son mouvement de recul reste bref et ne se transforme pas en correction. Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette réunissant 30 valeurs de Wall Street, a cédé 0,33% pour finir à 15 303,10 points. Le Nasdaq, où dominent les valeurs technologiques, a reculé de 1,14% à 3 459,14 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a reculé de 1,07% à 1 649,60 points. Anxieuse de voir se tarir l'une des sources essentielles de ses profits au cours des derniers mois, à savoir la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine, la place new-yorkaise a connu un net regain de volatilité cette semaine. Et les signaux contrastés envoyés mercredi par le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke, n'ont rien fait pour apaiser les opérateurs. "Tout le monde s'est mis à échanger en fonction de l'interprétation à donner à ses propos alors qu'il n'a finalement pas dit grand-chose de nouveau!", s'est étonné Steven Rosen, de la Société Générale. En substance, M. Bernanke a estimé qu'un resserrement prématuré de la politique monétaire pourrait pénaliser la reprise économique mais il a ajouté que les injections de liquidités de la Fed pourrait diminuer si l'économie se raffermissait. Pas de quoi s'inquiéter pour Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management, selon qui "même si le rythme des achats d'actifs de la Fed ralentissait, l'aide apportée par l'institution à l'économie" avec quelque 85 milliards de dollars d'injections de liquidités chaque mois et des taux d'intérêt quasi nuls "reste gigantesque". "Ce n'est pas comme si la Fed allait tout arrêter subitement et resserrer sa politique, il ne s'agit ici que d'un éventuel coup de frein", a-t-il insisté. Quoi qu'il en soit, l'avenir de la politique monétaire américaine, au centre de l'attention des courtiers depuis des semaines, ne risque pas de disparaître des radars. "Cela va rester le sujet brûlant pour les courtiers pendant au moins les prochains mois," a estimé Michael James, de Wedbush Securities. Pour les opérateurs, l'essentiel est que Wall Street --qui a une nouvelle fois clôturé mardi à des niveaux historiques-- parvienne à garder le cap, asseyant son ascension sur l'amélioration progressive des indicateurs économiques américains. "Il faudra attendre un peu, et voir dès la semaine prochaine" avec l'arrivée d'une nouvelle salve d'indicateurs "si le recul observé cette semaine devait annoncer une réelle tendance baissière ou si au contraire, il ne s'agissait cette semaine que d'une pause, dans un marché résolument optimiste", a résumé M. Bush. Les investisseurs surveilleront notamment les chiffres de la confiance des consommateurs pour le mois de mai mardi, qu'ils espèrent en hausse, une deuxième estimation du produit intérieur brut des Etats-Unis pour le premier trimestre jeudi, et surtout, le même jour, les chiffres des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage. "Si la Fed nous a fait comprendre au moins une chose, c'est qu'il fallait que l'on soit extrêmement attentif à l'amélioration des données économiques, et tout le monde va regarder si ces chiffres sur l'emploi jeudi donnent des indications sur la tendance du secteur" avant le rapport mensuel très attendu début juin sur le chômage aux Etats-Unis en mai, selon M. Rosen. Les marchés financiers restaient fermés hier en raison d'un jour férié aux Etats-Unis dit de "Memorial Day".