Les Européens ont exigé des explications sur le programme d'espionnage américain qui aurait également visé les institutions de l'UE, selon le magazine allemand "Der Spiegel". Ces révélations pourraient encore compliquer les relations transatlantiques. Paris et Berlin demandent des explications à Washington. Selon l'hebdomadaire, le programme d'espionnage Prism de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) aurait visé des représentations de l'Union européenne à Washington et à l'ONU, voire à Bruxelles même. Le "Spiegel" fonde ses affirmations sur des documents confidentiels dont il a en partie pu avoir connaissance grâce à l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden. "Nous avons pris contact immédiatement avec les autorités américaines à Washington et à Bruxelles et les avons mises face aux informations de presse. Elles nous ont dit qu'elles vérifiaient l'exactitude des informations publiées et qu'elles reviendraient vers nous", a annoncé dimanche la Commission européenne. Berlin et Paris outrés L'Allemagne a aussi réclamé des comptes. "Il faut que du côté américain, on nous explique immédiatement et en détail si ces informations de presse à propos d'écoutes clandestines totalement disproportionnées par les Etats-Unis dans l'UE sont exactes ou non", a déclaré la ministre de la Justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger dans un communiqué. L'Allemagne, qui héberge des bases militaires américaines, est décrite dans ce document comme un partenaire de "troisième classe", ce qui lui vaut d'être le pays de l'UE le plus surveillé par Washington, à un niveau comparable à la Chine, l'Irak ou l'Arabie saoudite. La NSA surveille en moyenne 20 millions d'appels téléphoniques par jour en Allemagne et 10 millions d'échanges de données internet. Mais ce chiffre peut s'élever jusqu'à 60 millions d'appels les jours les plus chargés, précise le "Spiegel". En comparaison, la France apparaît presque épargnée avec quelque deux millions de connections surveillées par jour, selon l'hebdomadaire. "Un immense scandale" Mais à Paris aussi, on exige des explications. "Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables", a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius dans un communiqué. "Nous attendons des autorités américaines qu'elles lèvent dans les plus brefs délais les inquiétudes légitimes suscitées par les révélations de la presse", a poursuivi le ministre. Cette demande a été transmise par l'ambassade de France à Washington à la Maison-Blanche et au Département d'Etat, selon une source diplomatique française. La porte-parole du Département d'Etat américain, Marie Harf, s'est refusée à tout commentaire. Washington va répondre par voie diplomatique à l'UE Les Etats-Unis vont répondre de façon appropriée par les canaux diplomatiques aux demandes d'explication de l'Union européenne, après la révélation par un magazine allemand d'un programme d'espionnage américain visant l'UE, a annoncé la Direction nationale du renseignement américain (ODNI). Le gouvernement américain va répondre de façon appropriée par ses canaux diplomatiques et par le biais du dialogue Etats-Unis/Union européenne entre experts du renseignement que les Etats-Unis ont proposé d'instaurer il y a quelques semaines, a affirmé l'ODNI dans un communiqué transmis. Washington discutera également de façon bilatérale avec les Etats membres de l'UE, ajoute l'ODNI, qui a refusé de se prononcer sur le fond des accusations. Si nous ne commentons pas publiquement les activités de renseignement supposées, nous avons été clairs sur le fait que les Etats-Unis recueillent des renseignements à l'étranger du type de ceux recueillis par tous les pays, explique-t-il. L'ODNI chapeaute les 17 agences de renseignement américaines, dont la NSA, chargée des écoutes et interceptions électroniques.