Des centaines de partisans de l'Union pour la Tunisie, l'une des principales coalitions de l'opposition, ont organisé samedi un rassemblement pacifique de protestation face au siège de l'Assemblée constituante à Tunis exprimant leur refus de la loi d'immunisation de la révolution. Au titre préventif, un dispositif sécuritaire bien soudé a été mobilisé par les autorités tunisiennes face et dans les alentours du siège de l'Assemblée constituante en prévision d'éventuels troubles. Les manifestants ont scandé des slogans anti-islamistes, hostiles au gouvernement actuel et à la Constituante que bon nombre des protestataires ont appelé à sa dissolution vu qu'elle n'a pas respecté les délais fixés après son élection portant sur notamment la finalisation de la Constitution, création d'une instance électorale et préparation des prochaines élections générales. Cinq partis de l'opposition forment l'Union pour la Tunisie, à savoir le mouvement Appel de Tunisie (dirigé par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi), le Parti Républicain, la Voie démocratique et sociale, le Parti socialiste et le Parti du Travail patriotique et démocratique. Dite encore loi d'isolement politique, la loi d'immunisation de la révolution a été approuvée en intégralité par la Constituante qui devrait l'examiner prochainement article par article. La loi concerne des responsables ayant exercé sous l'ancien régime de Ben Ali leur interdisant toute activité politique pour une durée de 7 ans. "Cette loi ne sera pas appliquée bien qu'elle soit approuvée par l'Assemblée constituante", a estimé le porte-parole de la Voie démocratique et sociale Samir Bettaieb qui intervenait lors d'un meeting populaire tenu sur place. Selon lui, "la loi dite d'immunisation de la révolution se veut une loi d'expulsion politique qui déclenchera un régime fasciste en Tunisie". Le parti islamiste Ennahdha (majoritaire au pouvoir), a-t-il poursuivi, "ciblent ses adversaires et n'opère pas pour aboutir à des élections transparentes". Alors que les défenseurs de cette loi d' isolement politique s' attachent à lutter contre tout retour des symboles de l' ancien régime déchu et les priver pour 7 ans de faire partie du paysage politique tunisien, l' opposition ne semble pas prête à jeter l' éponge avant d' empêcher la validation de cette loi synonyme, selon elle, de "règlement de compte collectif" où pas moins de 60 mille Tunisiens risqueraient une exclusion définitive de la vie politique. Les opposants à cette loi tout comme ses sympathisants devront attendre encore jusqu' à la fin du débat général sur le projet de la Constitution dont le démarrage est prévu pour le 1er juillet 2013.