Spiritualité, chants sur des rythmes rap et hip-hop et musique soufie venue d'Indonésie ont marqué la quatrième soirée du 35ème Festival international de Timgad. Une soirée à laquelle a assisté un public assez nombreux et qui aura marqué les esprits par l'originalité des sonorités offertes et le caractère quelque peu inattendu (mais très apprécié) du plateau proposé. C'est le groupe américain Baraka Blue et son chanteur californien Jimmy Gordon qui donnent le "la" avec des paroles et des sons rap entièrement dédiés à la religion musulmane. Dans une atmosphère empreinte de spiritualité, le chanteur de Baraka Blue, disséminant çà et là des paroles en arabe dans ses textes en anglais (Salla Allah Aâla Mohamed, Ya Rab), aura subjugué l'assistance massée dans les travées du Théâtre de verdure de l'antique Thamugadi. L'Américain Jimmy Gordon dira qu'il essaie, par sa musique qui cible en particulier les jeunes, d'effacer l'image plutôt négative que se font de l'Islam certains de ses compatriotes. Pris en sympathie par le public du festival, il n'hésitera pas à se diriger vers les gradins pour chanter en compagnie des spectateurs. Ce fut ensuite au tour du Chinois Abdullah Arken, né d'une famille du peuple ouïghour (ancien Turkestan oriental) de fouler la scène du théâtre de plein air. Ce jeune musulman adepte du flamenco et sa guitare acoustique qui ne sont pas sans rappeler les sonorités gitanes, aura réussi à enflammer le public déjà "chauffé" par le groupe Baraka Blue. "Arken" qui signifie "homme libre" en langue ouïghour, a pris avec bonheur des libertés avec le flamenco, donc avec la musique d'essence andalouse, d'où cette belle fusion avec l'assistance, littéralement éblouie par la prestation de ce jeune homme attaché à l'Islam mais aussi à ses racines comme le prouve son gilet rayé multicolore, propre à sa région natale. La dernière partie de soirée, confiée à la troupe indonésienne Debu, a été consacrée à la musique soufie, tout en méditation et en spiritualité. Chantant en sept langues et utilisant toute une panoplie d'instruments de diverses origines (iranienne, indienne, espagnole, irlandaise et arabe), Debu, son chanteur Mustapha Daoud et ses danseuses gracieuses aux robes amples et flamboyantes auront conféré une atmosphère mystique à cette 4ème soirée considérée "d'exceptionnelle" par la majorité des spectateurs.