Le gouvernement brésilien a remis, avant-hier, au Parlement une demande de référendum de la présidente Dilma Rousseff proposant une ample réforme politique, en réponse à la grogne sociale historique qui a ébranlé le pays en juin. Cette initiative est soutenue par 65% des Brésiliens selon un récent sondage. Mais il n'est pas garanti qu'elle soit approuvée par une majorité parlementaire de coalition souvent indisciplinée. Le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, et le vice-président, Michel Temer, ont remis au Parlement la demande officielle de Mme Rousseff qui propose de consulter les Brésiliens sur cinq points. Les deux principaux portent sur de nouvelles règles de financement des campagnes électorales et une réforme du mode de scrutin (actuellement proportionnel). La présidente souhaite également que les citoyens se prononcent sur l'éventuelle suppression du vote à bulletins secrets, en vigueur notamment pour les destitutions de parlementaires, l'élection de suppléants pour les sénateurs, à l'origine d'abus, ainsi que sur une redéfinition des règles régissant les coalitions électorales entre partis politiques. Le ministre de la Justice a souligné que le gouvernement souhaitait que les éventuels changements résultant du référendum soient applicables dès (octobre) 2014, date des prochaines élections présidentielle et législatives. Pour cela, il faudrait que le processus soit achevé en octobre prochain, soit un an avant les élections du 5 octobre 2014, selon la législation brésilienne. Ce que fait l'exécutif est une simple suggestion, a dit aux journalistes le vice-président, membre du PMDB, le grand parti centriste allié du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir. C'est le Parlement qui mènera (le processus) du début à la fin, a-t-il souligné. Dilma Rousseff avait lancé son idée de référendum la semaine dernière, au moment le plus intense de la fronde sociale qui a ébranlé le pays pendant plus de deux semaines en pleine Coupe des Confédérations de football. Les Brésiliens ont manifesté massivement pour réclamer des services publics de meilleure qualité (transports, santé, éducation) et protester contre la corruption dans la classe politique en général. Le Tribunal supérieur électoral (TSE) a besoin d'au moins 70 jours pour organiser un référendum, a indiqué un porte-parole du TSE. S'il est approuvé immédiatement par le Parlement, le référendum pourrait avoir lieu le 8 septembre. “Quand le navire menace de couler, les rats sont les premiers à le quitter”, a souligné le président du Parti travailliste (PDT, membre de la coalition présidentielle), Carlos Lupi, en indiquant que les alliés de Dilma Rousseff pourraient se rebeller au Parlement. L'opposition est clairement hostile au projet présidentiel de soumettre les grandes orientations de la réforme politique au peuple, avant que le Parlement ne les mette en œuvre. Il souhaite que le Parlement élabore en premier la réforme avant de la soumettre à l'approbation populaire.