Des dizaines de milliers de partisans et d'opposants des Frères musulmans se sont mobilisés en Egypte après le coup militaire contre le président Mohamed Morsi. Les violences ont fait au moins vingt morts dans le pays, dont huit en marge de manifestations. Alors que la tension est extrême en Egypte, cinq policiers et un soldat ont été tués dans la péninsule du Sinaï (nord), dans des attaques de militants islamistes qui n'ont pas été revendiquées. Dans la nuit, des islamistes ont attaqué le gouvernorat du Nord-Sinaï et y ont hissé leur drapeau. Par ailleurs, les heurts entre partisans et opposants de Mohamed Morsi et les soldats ont fait au moins quatorze morts dans le pays. Au Caire, des affrontements ont éclaté dans la soirée aux abords de la place Tahrir, faisant deux morts. Et selon l'agence de presse Mena, douze personnes ont été tuées et 200 blessées dans des heurts à Alexandrie entre partisans de Morsi d'une part, et ses opposants et les forces de l'ordre d'autre part; même scénario à Assiout (sud), où une personne a été tuée.
"Vendredi du refus" Au Caire, des tirs étaient entendus et les deux camps se jetaient des pierres sur le pont du 6-Octobre à proximité de la place Tahrir. L'armée égyptienne a envoyé des blindés pour séparer les protestataires. Devant ses partisans mobilisés pour un "vendredi du refus" du "coup d'Etat militaire" et "l'Etat policier", Mohammed Badie, Guide suprême des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a appelé à rester "dans les rues par millions jusqu'à ce que" le président déchu soit revenu au pouvoir. Comme huit autres dirigeants, M. Badie est visé par des poursuites engagées par le procureur général dans le cadre d'une enquête pour incitation au meurtre" de manifestants. Et le président intérimaire Adly Mansour, nommé par l'armée, a dans son premier décret dissous la chambre haute dominée par les islamistes, qui assure l'intégralité du pouvoir législatif, et nommé un nouveau chef des renseignements.
Appel à des manifestations massives En réponse à ce "vendredi du refus", l'opposition a quant à elle appelé à des manifestations massives, en particulier dimanche, pour "défendre la révolution du 30 juin", allusion à la journée ayant vu les plus importantes manifestations contre le président déchu.
Vingt-cinq morts Vingt-cinq personnes ont péri dans des violences en Egypte, dont 19 dans des affrontements entre partisans et opposants du président Mohamed Morsi, renversé, mercredi soir, par l'armée, ont rapporté les médias officiels et des sources de sécurité. Deux personnes ont trouvé la mort, vendredi soir, et 70 autres ont été blessées aux abords de la place Tahrir du Caire où s'affrontaient pro et anti-Morsi, a annoncé la télévision d'Etat. La chaîne a précisé que leurs corps avaient été emmenés dans un hôpital de campagne sur l'emblématique place de la capitale égyptienne. L'armée égyptienne a annoncé qu'elle allait intervenir pour séparer les protestataires près de la place Tahrir. Nous ne prenons pas parti. Notre mission est de protéger la vie des manifestants, a affirmé le colonel Ahmed Ali. L'armée va intervenir pour séparer les deux camps, a-t-il ajouté.
Ban Ki-moon met en garde contre une politique de représailles Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde les Egyptiens contre toute politique de représailles dans un contexte marqué dans le pays par des heurts entre opposants et partisans du président Mohamed Morsi, destitué par l'armée. Le règlement de la crise dans le pays implique qu'il n'y a aucune place pour les représailles ou l'exclusion d'un parti ou d'une communauté, estime Ban, cité par un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq. Ban suit avec une inquiétude croissante les derniers développements de la crise en cours en Egypte, dont les informations préoccupantes sur les limites apportées à la liberté d'expression et les heurts mortels entre manifestants. Le secrétaire général de l'ONU a appelé les forces de sécurité égyptiennes à protéger les manifestants et à empêcher les violences, et estimé que ces manifestations ne devraient suivre que des voies pacifiques, a poursuivi Farhan Haq. Ban pense que l'Egypte vit aujourd'hui à un moment crucial et doit revenir pacifiquement à un gouvernement civil et démocratique, a-t-il ajouté. Les dirigeants politiques égyptiens ont la responsabilité, par leurs mots et leurs actions, de montrer leur attachement à un dialogue pacifique et démocratique, qui prenne en compte tous les électeurs du pays, y compris les femmes, a-t-il encore déclaré. Toute solution doit respecter la diversité des vues politiques en Egypte. Le secrétaire général note que, pour qu'un tel processus soit couronné de succès, il n'y a aucune place pour les représailles ou l'exclusion d'un parti ou d'une communauté, selon son porte-parole.
Le numéro 2 des Frères musulmans a été arrêté Et après une vague d'interpellations lancée contre les dirigeants des Frères musulmans, Khairat al-Chater, l'adjoint au Guide suprême du mouvement islamiste en Egypte, a été arrêté tard dans la nuit d'hier, a annoncé une source au sein des services de sécurité. Les autorités avaient lancé un mandat d'arrêt contre lui après le coup militaire qui a renversé le président Morsi.
Mise en garde onusienne De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde les Egyptiens contre toute politique de "représailles". Le règlement de la crise dans le pays implique qu'il n'y a "aucune place pour les représailles ou l'exclusion d'un parti ou d'une communauté", estime Ban, cité par un porte-parole.