La Banque d'Angleterre (BoE) a débuté l'ère Carney en surprenant le marché avec la publication d'un communiqué détaillant sa décision de maintenir inchangée sa politique monétaire, ouvrant ainsi la porte à la mise en place prochaine de perspectives détaillées sur sa politique. Comme attendu, la banque centrale britannique a maintenu son taux directeur à 0,50% et laissé inchangé à 375 milliards de livres le montant total de son programme de rachats d'actifs. Mais la "Vieille Dame", à la communication habituellement laconique, a pris de court le marché en détaillant sa décision après la première réunion de son nouveau gouverneur, Mark Carney, qui a pris ses fonctions lundi après cinq ans passés à la tête de la Banque du Canada. La BoE a ainsi estimé que les attentes du marché concernant un resserrement monétaire n'étaient pas justifiées malgré les récents indicateurs encourageants et a prévenu que de telles attentes risquaient de peser sur les perspectives de l'économie britannique. Dans son communiqué, elle a de plus jugé que depuis le mois de mai, date de la publication du dernier rapport de l'institution sur les perspectives de l'inflation et de la croissance au Royaume-Uni, "il y a eu de plus amples signes que la reprise est en marche, même si elle reste faible". Pour Vicky Redwood, économiste de Capital Economics, le fait que la BoE mette en avant la faiblesse de la reprise économique implique qu'elle n'a pas encore atteint "la vitesse de libération que M. Carney souhaite atteindre", pour faire décoller la croissance, laissant ainsi la porte ouverte à l'annonce de nouveaux rachats d'actifs.
Communication accrue La politique monétaire de la BoE devrait ainsi rester ultra-accommodante, ce qui soutenait la Bourse de Londres et pesait lourdement sur la devise britannique que les mesures de soutien de l'institution rendent moins rémunératrice pour les investisseurs. "Si la première réunion du CPM (Comité de politique monétaire) sous la présidence de Mark Carney n'a pas apporté de changement sur le plan monétaire, il semble que le Comité est déjà sur la voie d'une communication accrue sur ses décisions et de la diffusion de perspectives d'évolution de sa politique monétaire", a commenté Howard Archer, économiste de IHS Global Insight. En effet, la BoE a souligné que suite à la requête du ministre britannique des Finances George Osborne d'une réflexion sur la publication de perspectives à long terme détaillées s'inspirant de la Réserve fédérale américaine (Fed), et de l'adoption éventuelle de paliers intermédiaires, "cette analyse aura une portée importante sur les discussions de politique monétaire du Comité en août". Pour Michael Saunders, économiste de Citi, "cette phrase implique que la réunion d'août et le rapport sur l'inflation (prévu la semaine suivante) pourraient bien ne pas se contenter d'un cadre théorique sur l'éventuelle annonce de perspectives de politique monétaire (...) mais bien la mise en oeuvre" d'une telle pratique. La Banque centrale européenne (BCE) a d'ailleurs dès jeudi adopté ce principe d'annonce d'orientations ("forward guidance") pour sa politique monétaire, en estimant que les taux directeurs de l'institution resteraient "à leur niveau actuel ou plus bas pour une période prolongée". La BCE a maintenu jeudi son principal taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50%. La BoE a enfin réitéré qu'elle s'attendait à voir l'inflation, qui a atteint 2,7% en mai, continuer à grimper à court terme, mais qu'elle tablait toujours sur un retour au niveau cible de 2%, une fois que la situation économique, intérieure comme extérieure, se sera améliorée.