Elle a de l'énergie à en rendre et la scène semble être le seul et unique endroit où son corps, son coeur et son esprit se rencontrent. Macha Bouchafa est de retour ! Double événement pour cette invétérée fêtarde qui a la Kabylie dans le sang, et les rythme de “ tamaghra ” (la fête) dans la peau. La chanteuse “ électrique ” opère son retour pendant ce mois de Ramadhan avec d'abord un nouvel album inscrit encore et toujours dans ses sujets de prédilection, la fête, l'identité berbère, la femme… Il s'appelle Thanaslith, (les racines). Enorme écho selon elle chez ces fans qui iront sans doute nombreux à sa rencontre lors de sa tournée en Algérie. Pendant les soirées ramadanesques, Massa Bouchafa donnera pas moins de dix spectacles à travers le territoire national et, notamment à Alger. En Europe, Massa sera aussi là ou il est prévu qu'elle anime pas moins de 15 autres soirées. Celle qui brûle les planches a récemment tenté l'expérience d'un duo avec le chanteur kabyle Nafaa et la fameuse chanson a succès Khati Khati, (non, non). Massa Bouchafa a été révélée pour la première fois en 1989 lors du neuvième anniversaire du Printemps berbère à l'université de Tizi Ouzou. Massa Bouchafa, née Zaïna en 1964 à Aïn el-Hammam (ex-Michelet), a suivi depuis 1989, un parcours atypique. Menant de front sa carrière et sa vie de famille, avec M'hend, son auteur compositeur et époux, elle a su maintenir un cap entre fidélité à ses racines kabyles et ouverture vers d'autres horizons. La “ perle du Djurdjura ”, comme la surnomment ses nombreux fans, allie, en effet, tradition des cimes montagneuses et modernité urbaine, en essayant, au fil des enregistrements, d'innover sans jamais se renier. Certes, bien des chants de Massa, entre des rythmiques endiablées, traduisent souvent le désarroi, la trahison ou le dépit amoureux, les promesses non tenues ou les serments qui se délient, à l'image de Deguliw (Dans mon cœur), quand ils ne se réfèrent pas à la douleur de l'exil (Debbar Felli, Décide pour moi). Mais ils finissent toujours sur des notes optimistes (Yidek Aichay, C'est avec toi que je vivrai, en duo avec le chanteur Salim du groupe Tighri) ou combatives (Inas, Inas, Dis-lui, Dis-lui, un morceau d'anthologie et un de ses premiers succès, ici en version remixée). Si, parfois, Massa, dans le texte, a le blues, elle garde toujours un côté funky. La femme domine son répertoire, elle est chantée comme une espérée de l'amour, une victime d'une société qui ne sait pas la regarder. C'est le cas dans son titre, Win Hamlay (Celui que j'aime), est le cri de cœur d'une femme transie d'amour pour un homme qui l'a quittée pour une autre. Séparation et désespoir sont aussi au menu du titre El Babur, soit le bateau, dont la sirène indique qu'il s'arrache du port, emmenant le bien-aimé vers une autre destination, brisant ainsi une destinée initialement vouée à un grand amour. La femme devient parfois objet de beauté comme dans Muxalxal (La femme au bracelet d'argent), qui est également le titre générique de l'un de ses disques. Ce qui est sûr, c'est que Massa a une telle aisance sur scène qu'on dirait qu'elle est chez elle dans cette Kabylie aux odeurs du bois vert de l'olivier.