Les cours du pétrole coté à New York ont terminé en légère baisse, avant-hier, dans un marché scrutant de très près l'évolution de la situation en Egypte et effectuant des prises de bénéfices après quatre séances de hausse. Le baril de référence (WTI) pour livraison en août a reculé de 8 cents pour s'établir à 103,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a terminé à 107,43 dollars, en baisse de 29 cents par rapport à la clôture de vendredi. Le prix du brut s'est affiché en baisse pendant toute la première partie de séance, les investisseurs constatant notamment que la crise politique en Egypte n'affectait pas spécialement le canal de Suez. Ce qui inquiète le marché, c'est bien une éventuelle fermeture du canal, qui aurait un impact considérable sur le transport du pétrole depuis le Moyen-Orient jusqu'aux pays européens, a remarqué l'analyste indépendant Andy Lipow. L'Egypte est en effet un important lieu de transit pour le pétrole d'Afrique du Nord et de la région du Golfe et la crainte d'une perturbation de l'offre de brut en raison des tensions croissantes dans ce pays avait poussé les investisseurs à faire grimper le cours du WTI vendredi à des sommets plus vus depuis mai 2012. Mais après qu'un porte-parole a fait savoir que le canal était sécurisé et fonctionnait normalement, ces inquiétudes ont été apaisées, a relevé Michael Hewson, de CMC Markets. Toutefois, au cours de la journée, les opérateurs du marché ont commencé à se dire que la situation allait peut-être dégénérer plus que ce qu'ils avaient prévu initialement, provoquant une remontée temporaire des cours du brut, a relevé Michael Lynch de Strategic Energy and Economic Research. Plus de 50 personnes ont été tuées lundi au Caire lors d'une manifestation et les Frères musulmans ont appelé au soulèvement à la suite de ce massacre qui aggrave le climat d'extrême tension prévalant depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi. La plus haute autorité de l'islam sunnite du pays, l'imam d'al-Azhar cheikh Ahmed al-Tayyeb, qui avait cautionné le renversement de M. Morsi, a annoncé pour sa part qu'il se plaçait en retrait tant que les violences continueraient. Parallèlement, les cours du brut étaient soutenus par un petit accès de faiblesse de la monnaie américaine face aux principales devises, de nature à rendre plus attractifs le pétrole libellé en dollar pour les investisseurs munis d'autres monnaies. Mais la tendance baissière du marché pétrolier l'a finalement emporté, aidée par un élément plus prosaïque: Le cours du WTI a terminé en hausse au cours des quatre dernières séances, atteignant des seuils techniques qui ont incité les opérateurs à vendre, a rappelé Robert Yawger de Mizuho Securities USA. Cela suffit à justifier un recul du marché. Enfin, des informations selon lesquelles deux ports libyens vont reprendre les exportations de pétrole après avoir été fermés la semaine dernière en raison d'un conflit salarial, incitaient aussi à maintenir les prix du baril à la baisse, a estimé Addison Armstrong, de Tradition Energy. En Asie, les cours du pétrole continuaient de monter dans les échanges matinaux après la publication de bons chiffres pour l'emploi aux Etats-Unis, première économie et premier consommateur de brut au monde, et en raison des tensions persistantes en Egypte. Après avoir pris près de 2% vendredi à la clôture, le baril de référence (WTI) pour livraison en août grimpait de 28 cents, à 103,50 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance s'adjugeait 25 cents, à 107,97 dollars.