Les changements profonds de la production mondiale de viande risquent d'accroitre les maladies. En effet, la production animale est en proie à une transformation profonde qui pourrait se traduire par une augmentation du risque de transmission de maladies des animaux à l'homme, met en garde l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO). Ainsi, le risque de zoonoses s'intensifiera à l'avenir, compte tenu de la montée démographique et de la croissance de la population animale, des changements dynamiques de la production animale, de l'émergence de réseaux agro-alimentaires mondiaux et de l'accroissement sensible de la mobilité des hommes et des marchandises, déclare la FAO dans un document intitulé “ Production animale industrielle et risques sanitaires mondiaux ” “Le monde doit incontestablement faire appel à certaines technologies des systèmes de production vivrière animale intensive”, a déclaré l'expert en politiques d'élevage de la FAO, Joachim Otte. Mais la concentration excessive d'animaux dans de grandes unités de production industrielle est à éviter, et il faut envisager des investissements pour renforcer la biosécurité et améliorer la surveillance des maladies afin de sauvegarder la santé publique, a-t-il ajouté. Aussi, à mesure que les pays s'enrichissent et que la population continue de croître, la demande de viande et autres produits de l'élevage grimpe, selon la FAO. Pour satisfaire cette demande accrue de produits carnés, production et densité animale ont considérablement augmenté, souvent à proximité des centres urbains. La production animale industrielle s'est concentrée davantage, utilisant un nombre inférieur de races mais plus productives.Cette évolution peut avoir de graves conséquences pour les risques de maladies, à l'échelle locale comme mondiale mais elle n'a guère été, jusqu'à présent, suffisamment reconnue par les responsables politiques, fait –on remarquer à la FAO. A l'échelle mondiale, les élevages de porcs et de volailles sont les sous-secteurs qui enregistrent la plus forte croissance et industrialisation, avec des taux annuels de 2,6 et 3,7 pour cent au cours des dix dernières années. En conséquence, dans les pays industrialisés, poulets et dindes sont désormais essentiellement produits dans des élevages de 15 000 à 50 000 volailles. La tendance à l'industrialisation de la production animale s'observe aussi dans les pays en développement, où les systèmes traditionnels sont remplacés par des unités intensives, en particulier en Asie, en Amérique du Sud et dans certaines parties de l'Afrique. Par ailleurs, la production industrielle de porcs et de volailles s'accompagne de déplacements massifs d'animaux vivants. En 2005, par exemple, près de 25 millions de porcs, soit plus de 2 millions par mois, ont fait l'objet d'échanges à l'échelle internationale. Le déplacement d'animaux et la concentration de milliers d'animaux confinés accroissent la probabilité de transfert de pathogènes. En outre, les élevages confinés produisent de grandes quantités de déchets, pouvant renfermer des concentrations élevées d'agents pathogènes. Une grande partie de ces déchets est éliminée sans subir aucun traitement, ce qui représente un risque d'infection pour les mammifères et oiseaux sauvages. Si le virus hautement pathogène H5N1 est actuellement un sujet d'inquiétude mondiale, la circulation ‘silencieuse' des virus de l'influenza de type A (IAV) chez la volaille et les porcs devrait être également sous étroite surveillance, a déclaré la FAO. Plusieurs IAV sont désormais relativement diffus dans la volaille commerciale et, dans une moindre mesure, chez les porcs et pourrait également donner lieu à l'émergence d'une pandémie d'influenza chez l'homme. La FAO a invité les producteurs de viande à appliquer des mesures de biosécurité de base. Les sites de production ne devraient pas être bâtis à proximité d'établissements humains ou de populations d'oiseaux sauvages; les fermes devraient être régulièrement nettoyées et désinfectées; les mouvements de personnel et de véhicules devraient être contrôlés et les employés formés aux mesures de biosécurité.